Doom Metal

W.Whateley a écrit:"Venus In Furs" ? Une reprise de Velvet Underground par Electric Wizard ? Classe. En tout cas, la pochette est excellente, je trouve.

personne a écrit:
Dis, jol, quand est-ce que tu remets en ligne ton site de chroniques ?

jol a écrit:
Acte 01



L'oeuvre commence par une longue intro supermassive dans laquelle la guitare principale, lente comme il se doit, change de direction sans prévenir, tout cela pour rester finalement toujours sur le même chemin. Petite pause atmosphérique légèrement bruitiste... et la traversée reprend mais cette fois-ci de façon moins hésitante, renforcée par des arrangements harmonieux, solennels et presque théatraux, alors qu'on reste pourtant bien dans l'instrumental, le drone et le metal. La scène auparavant vide voit un décor se mettre en place, progressivement, alors que l'interminable périple se poursuit et que le spectateur assis au dernier rang se demande encore combien de temps il va attendre avant de voir les comédiens surgir des coulisses. Il va falloir patienter encore et encore, le spectacle n'ayant pas commencé que c'est déjà l'heure d'un entracte qui n'a rien à voir.









Acte 02



En effet, dans Zaum : beyonsense, des guitares-plaques-tectoniques font un peu semblant de jouer chacune à leur tour, dans l'enfer des bidouillages du son amplifié, tout en se parasitant les unes les autres, souvent, ou en jouant les unes autour des autres, parfois. Seul leur affrontement frontal est évité. Quand, par deux fois, un semblant de rythme les presse, elles persistent dans la construction labyrinthique d'un univers sans début, sans histoire et sans fin. La sauce reste inconfortablement tiède : jamais l'oreille n'est véritablement agressée, mais jamais non plus elle ne peut se reposer plus de quelques secondes consécutives. Le cerveau, lui, réclame un dénouement qui n'arrive pas. Inconfort on vous dit.









Acte 03



Fin de l'entracte. Fortune devrait commencer très fort pour réveiller le spectateur, mais non, on a juste une suite de bruitages et de percussions qui ressemblent à de lointaines rumeurs. Retour des guitares, grassement bruyantes mais tout de même bien diluées. Encore de la plaque tectonique, mais sans les interférences cette fois. Euh en fait non, les interférences reviennent mais cette fois elles se dirigent quelque part. Vers la scène bien sûr ! Il doit y faire plus chaud qu'au fond de la salle. Approchons nous l'air de rien... Ah ! Des cordes ! Eparses, squelettiques. De l'orgue. Une chanteuse. Avec des cordes vocales et une cage thoracique capables de suivre les instruments. Est-ce de la technique ou de la sorcellerie ? Est-il humainement possible de tenir chaque note, pour ne pas dire chaque fréquence, aussi longtemps (chacune) et aussi longtemps (en tout) ? Le chant expulsé de la belle vient de très loin à l'intérieur et se dirige probablement vers les cieux.









Acte 04



Vers les cieux, c'est cela ! By the well of living and seeing offre dans une longue extase sonore la lumière qu'il manquait jusque-là, et du même coup une musicalité impressionante pour un album souvent classé dans la catégorie "drone". Ce n'est pas le paradis pour autant. Le ciel et la terre ne font en effet plus qu'un. Les fréquences de Earth, la rouille de Khanate (je pense en particulier au titre Under rotting sky), la spiritualité de Thergothon et de Morgion rejoignent sur scène les voix et les partoches touchées par la grâce divine, pour donner ce qui est à ma connaissance la première vraie "chanson" dans ce style si particulier.





Verdict



Si le dernier titre justifie à lui tout seul l'achat de cette galette, s'il vaut plus que les trois autres réunis, il ne serait pas si éblouissant sans eux. Il faut considérer l'ensemble de l'oeuvre qui a été super bien pensée et construite. Je me souviendrai de Futurists against the ocean comme de l'album qui m'aura fait (enfin) prendre le drone doom au sérieux. A vrai dire ce disque dépasse tellement les canons du genre qu'on pourrait presque le considérer comme susceptible de plaire au grand public... si ce dernier pouvait imaginer que de tels enregistrements existent.