Genus irritabile vatum...
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Re: Genus irritabile vatum...
Un livre qui retrace beaucoup de poésie et que je recommande: anthologie de la poésie française de Georges pompidou (ben oui)...
Un condensé du 14ième siècle au 20ième...une bonne introduction pour découvrir des auteurs de tous styles bien sûr ...
Re: Genus irritabile vatum...
svalbard a écrit: Un livre qui retrace beaucoup de poésie et que je recommande: anthologie de la poésie française de Georges pompidou (ben oui)...
Un condensé du 14ième siècle au 20ième...une bonne introduction pour découvrir des auteurs de tous styles bien sûr ...
Je confirme, bon ouvrage, bonne introduction en la matiere !
Re: Genus irritabile vatum...
Ecrit dans la forêt de Huelgoat un soir de pleine lune
Hommes et femmes au milieu des loups et des grands chênes
Donnent à leurs pas vifs la fureur de la géhenne,
Les tambours effrénés peinent à suivre les danseurs
Et la corne de brume appelle sans cesse leur ferveur,
Chaque regard hurle un défi, perçant comme l’aigle
Leurs corps tatoués se frôlent, sans vergogne ni règle,
Les bras qui ondoient comme furie de l’océan,
Les robes simples dans un souffle aux accords malséants,
Les corolles de guède se meuvent au rythme des ombres
Et les voix se découvrent au-dessus des décombres,
Cet idéal qui vit aux lèvres d’une flûte de Pan,
Pinacle de Nature aux innombrables amants,
Un chœur de volupté insensée ouvre ses ailes
Depuis la lune qui rit aux éclats dans le ciel,
Les tambours tremblent comme le sol battu par la course,
Hommes et femmes s’élançant d’un coup sous la Grande Ourse,
Les jambes déliées, l’âme puissante, le cœur aux abois,
Sautant racines et torrents au fin fond des bois ;
Ce soir se sont taries les larmes de La Morgane
Sur les corps s’endort la caresse de la Beltane.
Re: Genus irritabile vatum...
Re: Genus irritabile vatum...
MEPHISTOPHELES
Moi la sombre puissance derrière le trône,
Celui qui brava le tout-puissant,
Qui tua le fils et tenta Eve,
Je suis le feu qui dévore vos âmes
Le poison qui coule dans votre chair
Je suis Dieu, je suis Homme
Imperfection originelle
Incarnée dans un ange rebelle
Mon royaume est votre infernale terre
Mon paradis, néant et poussière
Je suis votre ombre
Nimbée dans la solitude
Qui répugne à la servitude
Haine et amour
Sont ma nourriture
Je suis la corruption,
La séduction et la sédition
Celui qui souffle l’envie
À l’infini, pour créer,
Jouir et détruire
Je suis le serpent de la connaissance
Lové dans votre innocence
Je suis l’orgueil suprême
Le dandy infidèle
Négateur et misanthrope
Le Prince de la nuit
Des voluptés charnelles
Aux opiacés existentiels
Je suis la plume qui réécrit le Verbe
Je suis l’immanence de l’Existence!
Re: Genus irritabile vatum...
Re: Genus irritabile vatum...
Seront condamnés à mourir de froid...
Loin dans l'âme, les solitudes s'étendent
Sous le soleil mort de l'amour de soi.
A l'aube on voit monter dans la torpeur
Du marais, les bancs de brouillard immenses
Qu'emploient les poètes, par impuissance,
Pour donner le vague à l'âme et la peur.
Il faut les respirer quand ils s'élèvent
Et jouir de ce frisson inconnu
Que l'on découvre à peine dans les rêves,
Dans les paradis parfois entrevus;
Les médiocres seuls, les domestiqués
Ne pourront comprendre son amertume /
Ils n'entendent pas, perdu dans la brume,
Le cri farouche des oiseaux traqués.
C'était le pays dans anges sauvages,
Ceux qui n'avaient pu se nourrir d'amour;
Comme toutes les bêtes de passage,
Ils suivaient les vents qui changeaient toujours;
Ils montaient parfois dans les coeurs élus,
Bien au dessus des fadeurs de la terre,
Mais ils sentaient battre dans leurs artères
Le regret des cieux qu'ils ne verraient plus!
Alors, ils s'en allaient des altitudes
Poussés par l'orgueil et la lâcheté;
On ne les surprend dans nos solitudes
Que si rarement;
ils ont tout quitté.
Leur légende est morte dans les bas-fonds,
On les voit errer dans les yeux des femmes,
Et dans ces enfants qui passent dans l'âme,
En fin septembre, tels des vagabonds.
Il en est pourtant qui rôdent dans l'ombre
Et ne doivent pas s'arrêter très loin;
Je sais qu'ils se baignent par les nuits sombres
Pour que leur ébats n'aient pas de témoins.
- Mais si déchirant monte alors leur cri
Qu'il semble briser toutes les poitrines,
Et va se perdre aux cîmes de l'esprit
Comme un appel lointain de sauvagine.
Et les hameaux l'entendront dans la crainte,
Le soir, passés les jeux de la chair;
Il s'étendra sur la lande - la plainte
D'une bête égorgée en plein hiver;
Ou bien ce cri de peur dans l'ombre intense
Qui stupéfie brusquement les étangs,
Quand s'approchent les pas des poursuivants
Et font rejaillir l'eau dans le silence.
Si désolant sera-t-il dans les plaines
Que tressailliront les coeurs des passants;
Ils s'arrêteront pour reprendre haleine
Et dire : c'est le chant d'un innocent!
Passé l'appel, résonneront encore
Les échos, jusqu'aux profondeurs des moelles,
Et suivront son vol, comme un son de cor,
Vers le gouffre transparent des étoiles!
Toi, tu sauras que ce n'est pas le froid
Qui déchaîne un cri pareil à cette heure;
Moins lamentable sera ton effroi,
Tu connais les fièvres intérieures,
Les désirs qui brûlent jusqu'à vous tordre
Le ventre en deux, dans un spasme impuissant;
Et tu diras que ce cri d'innocent,
C'est l'appel d'un fauve qui voudrait mordre...
*
Viens cracher aux morts obscures
Le mépris des joies communes;
L'âme haute et l'esprit pur
Se nourrissent de rancune.
Si c'est leur pauvreté même
Qui leur permet d'être élus,
Rejette encor ce blasphème
Qui ne te satisfait plus.
Car ils resteront plus forts
Que tout injure qui monte,
Et cette pitié des morts
A jamais te fera honte.
*
Mon plus secret ami, que j'aille visiter
Ce jardin pour morts dont tu connais le silence,
Ou que j'évoque à voix basse ta présence,
Au plus tendre d'un coeur que tu n'as su quitter,
Je n'y vois pas grande différence.
J'avais cueilli ces fleurs pour la mort d'un héros,
Son tombeau sera tout recouvert d'anémones,
La floraison du vent, de l'esprit... et personne
Ne dérangera plus, sinon moi, ton repos,
Puisque tous les autres t'abandonnent.
Ton repos ? Sous un ciel haut, d'éclairs déchiré,
Solitaire toujours aux heures de tempête,
Bousculé de ressac en ressac, et la tête
Prise dans l'étau noir des mondes désirés,
Et toujours en deçà de la Fête...
*
Tu me donne l'envie d'être plus difficile...
Je n'ai pas cependant fait voile vers les îles,
A l'aventure, dans la zone morte des mers;
Mai j'ai peur de reprendre auprès de toi ma place,
D'instruire les enfants avec des mots couverts
Et des formules d'ombre infuse qui les glacent...
Mes disciples vondront avoir d'autres autels,
Chercher le sens du monde au milieu des herbages
Parfumés, sur les hauteurs balayées par le ciel...
Ou bien, les nuits d'hiver, menant en son sillage,
Sur une pente indescriptible de blancheur,
Les compagnons en rangs serrés comme des bêtes,
Je leur dirai la discipline de la Quête
En cette école où nous serons de vrais chercheurs
De sagesse, un grand troupeau d'âmes inquiètes.
Je leur expliquerai la beauté de leurs rôles,
Mais quand l'un sentira ma main sur son épaule,
Répondra-t-il ainsi que je t'ai répondu :
"Si vous m'avez choisi pour mon intelligence,
"Serai-je celui-là qu'on a tant attendu
"Pendant des siècles et des siècles de silence? "
Patrice de la Tour du Pin - La Quête De La Joie - Prologue
Necrowarrior- Légat de légion
Re: Genus irritabile vatum...
Pijarn a écrit:De même je suis inapte avec un stylo dans les mains, ce genre d'écriture est pour moi peut-être trop direct. Même en se cachant derrière les formes et les tournures. Je préfère la musique comme moyen d'expression.
Je suis d'accord, c'est d'ailleurs pour ça que j'ai arrêté d'écrire des poèmes. L'écriture déforme la pensée, et la pensée déforme le ressenti.
Re: Genus irritabile vatum...
jetez un coup d'oeil sur la page d'accueil de mon site : en bas il y a un lien vers un bureau d'huissiers qui pratiquent les droits d'auteurs et c'est gratuit et sérieux.
Re: Genus irritabile vatum...
)
Sinon quitte à dire ma préférence entre les 2 poèmes "longs", je préfère celui de Ravensorg à celui de La Tour du Pin que j'estime trop long à mon goût pour que les premiers vers continuent de peser sur l'ensemble de l'oeuvre en fin de lecture. peut-être que ce n'est pas un critère reconnu mais c'est important pour moi.
Evidemment, je ne préjuge pas de leur beauté certaine.
Il serait intéressant de savoir quand (ou pourquoi) un poème posté a été écrit (si une quelconque raison existe).
Re: Genus irritabile vatum...
Psyell a écrit:Il serait intéressant de savoir quand (ou pourquoi) un poème posté a été écrit (si une quelconque raison existe).
Le recueil de poëmes dont il est le prologue, a été édité en 1933.
Dire qu'il est une sorte d'explication de ce qu'il essaye d'entreprendre dans son recueil ne me semble pas trop à coté de la plaque.
Je l'ai posté ici, car j'ai le livre chez moi, et comme Baal a la première strophe du poême en signature, je me suis dit qu'il serait intéressant de le faire découvrir, à lui et à tout le monde ici.)
Necrowarrior- Légat de légion
Re: Genus irritabile vatum...
ca y'est tu l'as protégé en passant par le lien que j'ai donné??
Cela même! J'ai confié mon recueil.
Dire que j'ai dû en écrire quelques centaines en 20 ans d'existence et que mon recueil n'en compte plus qu'une trentaine...
L'épuration perfectionniste, ça fait mal au coeur parfois...
Re: Genus irritabile vatum...
Psyell a écrit: L'épuration perfectionniste, ça fait mal au coeur parfois...
Peut être, mais ça permet quand même de virer les merdes...
Re: Genus irritabile vatum...
Peut être, mais ça permet quand même de virer les merdes...
Je ne suis pas réellement sûre que c'étaient de mauvais textes. Je les ai brûlé dans des accès de rages, parce qu'ils disaient des choses qui me dérangeaient. Ne me rappellant plus de ces poèmes, j'ai le doute amer d'avoir perdu un peu de moi.
Re: Genus irritabile vatum...
Je suis d'accord, c'est d'ailleurs pour ça que j'ai arrêté d'écrire des poèmes. L'écriture déforme la pensée, et la pensée déforme le ressenti
Je ne suis pas d'accord Cweorth, je ne pense pas que l'écriture par essence altère la pensée. L'exemple le plus probant est le sonnet, où la concision qu'impose cette structure, oblige le poète à extraire sa pensée dégagée de toute fioriture.
Quant au ressenti, c'est vrai que la pensée est souvent inapte à le restituer dans son intégralité et c'est peut-être là que se trouve la quête du poète: trouver la pensée qui exprimera parfaitement son émotion et qu'il pourra retranscrire.
Quête sans fin...
Re: Genus irritabile vatum...
Ce que j'essayais de faire, c'était des poèmes totalement abscons, hermétiques, mais également intenses, "puissants", et qui aient un sens. Je n'ai jamais réussi
Re: Genus irritabile vatum...
Ce que j'essayais de faire, c'était des poèmes totalement abscons, hermétiques, mais également intenses, "puissants", et qui aient un sens. Je n'ai jamais réussi
Je te comprends. Mais si tu avais réussi à atteindre ce niveau de perfection personnelle, ne crains-tu pas qu'après tu n'aies plus rien à parfaire?
Re: Genus irritabile vatum...
Psyell a écrit:Ce que j'essayais de faire, c'était des poèmes totalement abscons, hermétiques, mais également intenses, "puissants", et qui aient un sens. Je n'ai jamais réussi
Je te comprends. Mais si tu avais réussi à atteindre ce niveau de perfection personnelle, ne crains-tu pas qu'après tu n'aies plus rien à parfaire?
Je ne pense pas que la perfection soit quelque chose qui puisse être atteinte. De ce fait, il n'y a pour moi aucune crainte à avoir de sa retrouver dans un aboutissement final lorsque l'on se plonge corps et âme dans un ouvrage, un projet.
Re: Genus irritabile vatum...
Je ne pense pas que la perfection soit quelque chose qui puisse être atteinte. De ce fait, il n'y a pour moi aucune crainte à avoir de sa retrouver dans un aboutissement final lorsque l'on se plonge corps et âme dans un ouvrage, un projet.
Tout à fait KonRig, c'est pour cette raison que les poètes sont condamnés à mourir malheureux.
Re: Genus irritabile vatum...
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