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Soleil Noir - arrière plan mythologique du nazisme

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Soleil Noir - arrière plan mythologique du nazisme Empty Soleil Noir - arrière plan mythologique du nazisme

Message par  Lun 15 Mar 2010 - 23:02

Un documentaire intéréssant qui montre le national-socialisme sous un autre angle que celui qu'on a l'habitude de voir dans les medias. Je crois qu'il a été diffusé sur Arte il y a quelques années.



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Soleil Noir - arrière plan mythologique du nazisme Empty Re: Soleil Noir - arrière plan mythologique du nazisme

Message par  Mer 17 Mar 2010 - 11:30

Ah, voilà un sujet très intéressant! MERCI!



Pour le reportage, je suis un peu déçu par le parti pris, évidemment. Que l'on dénonce le nazisme, ce qu'il a fait etc., oui. Mais cela n'excuse pas simplifications, raccourcis et rhétorique. La neutralité n'est jamais en option. Quand la susdite dénonciation empêche, même partiellement, le minimum d'objectivité d'un sujet, c'est inacceptable, même si historiquement les nazis sont les méchants etc. Ils ont été condamnés pour leur génocides et autres massacres, point barre. Pas besoin de distordre, de diaboliser le reste pour les condamner... ou alors, c'est implicitement admettre que les faits qui leur sont reprochés ne sont pas suffisants...

Trop peu de place accordée au discours scientifique, disqualification a priori de certaines idées sans preuve explicite et claire. On utilise le crédit du scientifique sans lui poser directement les questions épineuses, c'est juste la voix off qui y répond, avec fort peu de nuances et aucune preuve... Typique.

Et il y a très peu d'experts dont on parle. Si les auteurs du reportage se sont basés sur le livre de Goodrick-Clarke, ils n'en ont pas du tout conservé les précautions et la neutralité intransigeante.

On ne connaît jamais les sources. Bref. Journalisme.



En somme, ce n'est pas parce que l'ariosophisme est un ramassis de conneries niveau factuel qu'on peut le réfuter avec autant peu de soin.



On invoque comme "explication" les archétypes, reprenant une grille d'analyse plutôt "religieuse", spirituelle, ou plutôt psychologique. En effet, parler d'archétype ne rime à rien sans référence à C.G. Jung. Il a pourtant bien décrit l'atmosphère allemande sous le nazisme dans son essai controversé intitulé "Wotan".

De plus, dès qu'on touche à l'idée de quête spirituelle individuelle postmoderne et aux phénomènes du genre new age, faire référence à ce penseur peut être utile.

(Ceci dit, il ne s'agit guère de science empirique, ni même expérimentale. Il s'agit de psychologie de profondeur, variante de psychanalyse. Il faut donc prendre cela non pas comme explication causale, mais comme une vision du monde, une grille de lecture globale, très top-down, holiste, voire une sorte d''herméneutique'...)

Ceci-dit, il y aurait plein d'autres explications aussi, mais plutôt du côté de la psychologie sociale (i.e. mécanisme d'influence, de propagande etc.), sociologie etc.



La question du début du reportage, "Dans quelle mesure les mythes élargissent-ils notre réflexion? Dans quelles mesure l'étouffent-ils?", est excellente, très profonde, fondamentale... Remise en perspective dans l'époque d'avant guerre et dans la notre (les deux sont d'ailleurs admirablement mises en parallèle!), la question est juste hyper pertinente: la postmodernité fait-elle en sorte qu'on se nourrit de tous les mythes qu'on trouve pour assouvir des fantasmes identitaires? Quel poids pour les archétypes? Les explications matérialistes suffisent-elles à 'expliquer' l'engouement pour le national socialisme? Le 'retour de ce refoulé culturel' allemand est-il envisageable?

Je me demande à quoi l'idéologie nazie a vraiment touché là-dedans. Le paganisme? Une nouvelle définition de soi, du monde, au delà de certaines idéologies, déjà périmées à l'époque? Qu'y a-t-il de si fascinant là-dedans? A quoi touche-t-on? A une identité culturelle reniée? A un fantasme concernant cette identité culturelle?

Le reportage pose très bien le contexte, les questions, mais n'y répond pas... ou insuffisamment, à mon goût.

A quelque part, on n'a pas évolué sur ce plan-là. On dirait que la question de l'identité se fait toujours plus prégnante, vu le contexte de mondialisation, de mobilité individuelle, de mélange culturel, fût-ce dans le débat sur les minarets en Suisse, sur la burka, l'identité nationale en France, et dans le contexte général de communautarisme, de tribus, de fractionnement de la société.



A noter que toute cette (nouvelle?) mythologie, cette esthétique sont d'ailleurs admirablement bien mises en musique par certains groupes de neofolk et autres, du genre Death In June, Boyd Rice et al., Der Blutharsch, Allerseelen etc. Ils surfent passablement sur cette mythologie, sur son esthétique (je pense au "Neuschwabenland" de Allerseelen,

A quelque part, le retour du refoulé est amorcé depuis près de 20 ans...



Pour ceux que ça intéresse, il y existe des livres intéressant sur le sujet.

La lecture du livre "The Occult Roots of Nazism: Secret Aryan Cults and Their Influence on Nazi Ideology" de N. Goodrick-Clarke vaut certainement la peine. L'ouvrage fait référence, mais c'est aussi par manque de concurrence! A noter aussi, le plus contemporain "Black Sun - Aryan Cultes, Esoteric Nazism and the Politics of Identity" du même auteur, qui détaille comment les mythes nazis ont survécu dans des groupes extrémistes, une certaine littérature, d'autres mythes (base secrète en Antarctique... ), des théories du complot et dans la musique. Evidemment, là, je ne peux réprimer un petit commentaire. Il y a dans l'ouvrage une évocation du black metal, du RAC et de l'indus, avec référence à Kadmon (Allerseelen), Boyd Rice, Varg Vikernes, Michael Moynihan (ex-NON, Blood Axis), le tout avec des références comme Ragnar Redbeard, l'oeuvre de A. Crowley et le satanisme laveyen. Pour ce chapitre, l'auteur aurait pu mieux s'informer. En effet, c'est un peu bordélique. Par exemple, Skrewdriver, RAHOWA, c'est quelque chose qui n'a rien à faire dans un chapitre sur le Black Metal.

Cependant, on trouve quand même des infos substantielles sur le début de BM norvégien, Burzum et Varg, Absurd (et toute l'histoire), mais aussi les liens entre scènes indus et BM (Andrea Meyer-Haugen, Kadmon, M. Moynihan). Mais, quand l'auteur parle du massacre de Littleton et de la "trenchcoat mafia", dans le chapitre sur le BM, il attribue la responsabilité de ce massacre à l'underground black metal, alors que le groupe favori des deux adolescents est ... Marilyn Manson. Imprécisions, mélanges etc. Sans parler du fait que la jeunesse qui écoute du black est "alienated", que je ne sais pas comment traduire exactement, mais qui ne penche pas pour le mélioratif... Aliénée? Au sens psychiatrique ou marxiste? Etrangère à elle-même (étymologiquement correct)? En perte de repères (expression toujours aussi creuse)? Exclue? Laissée-pour-compte?

Donc, l'auteur, malgré ce qu'il dit, ne fait pas montre d'un lien explicite et pertinent entre nazisme et black metal. Même pas entre nazisme et indus (alors qu'il y aurait du matériel pour;
il faut noter que ce serait amusant et risqué pour lui, vu que certains groupes singent les idéologies totalitaires et que la majorité des gens tombent dans le panneau).

D'ailleurs il conclut de cette façon: "Skinheads gangs, white power and black metal bands [...] are notoriously volatile, constalty forming breaking up and re-forming. [...] Organizational links with neo-nazi parties and groups are likewise tenuous and fluid." (Black Sun p.212). Soit, quand bien même il y a un lien entre BM, indus et nazisme, il n'a rien d'organisé ou de façon fort opportuniste et instable, au contraire de ce qu'on affirmé de soit-disant 'spécialistes' comme Paul Ariès, un abonné à Golias qui s'est fait démonter dans des ouvrages plus sérieux sur le sujet.

Malheureusement, Goodrick-Clarke est trop jugeant pour coller parfaitement aux faits et commet quelques erreurs, imprécisions et adopte une vision déformée à propos du BM, parce que partielle et partiale.

Fin de la petite digression pour dire que le bouquin, malgré quelques manques, est intéressant et pour le sujet du mysticisme nazi et de ses survivances diverses, il vaut la peine d'être lu. Mais, comme toujours, il faut rester vigilant, observer les sources et les remarques un peu trop partisane. (A noter que le bouquin ne tombe cependant pas du tout dans le politiquement correct pour autant.)

Je suppose que "The Occult Roots of Nazism" vaut lui aussi la peine. Le problème est qu'il n'existe guère d'équivalent et qu'il est difficile de critiquer sans être un spécialiste qui a fait le même travail...



Il y a aussi un autre bouquin intitulé "Ariosophy: Esotericism in Germany and Austria, National Socialism and Occultism, Germanic paganism, Armanen runes, The Occult Roots of Nazism, Religious aspects of Nazism" par Miller. Vandome &
McBrewster. Cependant, j'ai quelques réserves sur la philosophie de l'éditeur (voir [url=http://www.alphascript-publishing.com/index.php?&
act=nav&
nav=10049]
ici[/url]
).



Difficile de trouver quelque chose de parfaitement satisfaisant... Mais ce sujet est passionnant. Personnellement, c'est moins les élucubration sur Vril, les Haunebu, la terre creuse, l'origine de la race aryenne ou autres simagrées racialistes qui m'intéressent. C'est la survivance, les mutations, l'attrait intemporel et la puissance de l'irrationnel, de l'archétype, du mythe, sa "religiosification" rapide, au travers de croyances, de pratiques etc. Cela nous renseigne beaucoup sur nos fantasmes, nos peurs, nos besoins divers, au niveau culturel, identitaire et, au fond, passablement psychologique...

Le message que je retire de la vidéo et de tout ça c'est que l'on ne cesse de se chercher une identité, des racines etc., de tenter d'en dériver un leitmotiv, un vision du monde, une raison d'être, quitte à se mentir, quitte à déformer la réalité, quitte à commettre le meilleur comme le pire. (Ce n'est pas un jugement de valeur: c'est un fait et quasi universel, semble-t-il.) La croyance, le mythe, l'archétype ne s'inscrivent en effet pas dans une recherche de vérité, mais dans une recherche de bien-être, de communion avec le monde et avec soi, de cohérence interne, de cohésion sociale etc.

Terrible de penser qu'on ne sort jamais vraiment du mythe, de la croyance, d'hypothèse prises trop au sérieux, de mèmes répandus comme des virus... On se raconte des histoires, illusoires, mais seules à même de structurer l'existence.
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