Apocalypto
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Apocalypto
Le nouveau film de Mel Gibson, sur le déclin de la civilisation Maya, qui devrait sortir bientot en France (le 10 janvier je crois). Le film serait tourné dans cette langue d'ailleurs, un peu comme pour la Passion du Christ et l'araméen il y a 3 ans.
Re: Apocalypto
DreamSquare- Légat de légion
Re: Apocalypto
Septon- Légat de légion
Re: Apocalypto
Re: Apocalypto
Adunakhor a écrit:Je suis ok ^^
Mais niveau historique , il se chie dessus;
)
Ouai enfaite une fois arrivé a la fin du film tu n'en sais pas plus sur le déclin de la civilisation Maya..
Re: Apocalypto
Indéniablement Mel Gibson est un réalisateur capable de fulgurances étonnantes. Dans Apocalypto, certaines séquences, plans, idées sont très réussis, les acteurs sont bons et le travail sur les costumes exemplaire : ainsi cette alchimie fait parfois effet, comme avec le « chef des chasseurs », le personnage le plus réussi et iconique. Si la description de la nature est loin d'être « magique » (on a vu mieux ailleurs), il s'en sort parfois plutôt bien comme lors de la traversé de la rivière des captifs. Ce qui est étonnant, comme dans ses précédents films, c’est qu’on est capable de passer en un simple raccord d'un plan inspiré à un autre absolument ridicule ! Jamais avare d'un lyrisme frelaté qu'il nous refourgue par palettes entières (comme la séquence de la « prophétie » qui dure, qui dure...), Gibson caviarde son « épopée sauvage » de ralentis baveux, dont un magnifique « Royal Canin » à un moment censément « bestial » de son métrage. Oh le film est parfois violent mais l'intensité des effusions sanglantes est mal dosée : certains passages clés (comme la scène des sacrifices) n'atteignent pas le degré de brutalité voulue tandis qu'à d'autres moments, on a le droit à des débordements dignes du mauvais bis italien de la grande époque des cannibales (la vision de Patte de Jaguar, l'attaque terrible d'une peluche que n'aurait pas renié les Monty Python), certes rigolos, mais à la limite du hors-sujet.
Ce déséquilibre perpétuel est encore accentué par un scénario qui loin de s'éloigner des ficelles conventionnelles comme le permettait un tel sujet, utilise des procédés éculés : en soi le coté « très classique » de la quête du héros n'est pas gênant mais la façon de systématiquement revenir sur le « but », situé à bonne distance du protagoniste tue dans l'oeuf le suspense lié à sa survie. Plus pénible, le manichéisme lourdement appuyé un brin irritant, qui se double d'un pathos distillé par grosses poignées à coups de couinements interminables de chiards étalés sur plusieurs minutes. Autant dire que « l'originalité » du postulat perd beaucoup de sa force pour finalement accoucher d'une fresque assez pauvre. Apocalypto n'est pas une réflexion sur la chute des Mayas : on retombe là sur le débat (de plus en plus présent à cause de la saturation des informations disponibles en temps réel sur un projet avant même son tournage) autour du gouffre entre la façon dont est « vendu » un film et ce qu'il est en réalité. Nul doute que nombres d'attentes dans le cas présent étaient peut-être artificielles et nourries par une confusion médiatique -qui comme on l'a dit est forte autour du personnage de Mel Gibson-. Néanmoins, il y a bien là prétention de parler du déclin de cette civilisation (ou de la civilisation en général). Sinon, pourquoi placer une très équivoque phrase en introduction ? Ou cette comptine sur l'envie jamais satisfaite de l'homme, qui ne trouve aucune illustration en images par la suite ?
Qu'apprend-t'on sur les Mayas ? A l'aide de son style volontiers outrancié, Mel Gibson nous explique qu'ils sont décadents et superstitieux. Et que le pouvoir rend cruel et méchant. Hum. Ça ne va pas chercher bien loin quand même. Un exemple de cet état de fait ? L'arrivée des colons est pour ainsi dire traitée par dessus la jambe et son utilité principale est celle d'une pirouette scénaristique (!) -un deus ex machina- permettant au héros d'atteindre son but... Si toute la montée vers le sacrifice rituel est efficace, sa durée finalement très réduite et un recours à une caricature excessive (mention spéciale au nain qui évoque le symbiote de Total Recall) donne la désagréable impression que la civilisation montrée est plus "instruite à charge" que « montrée » de l'intérieur. On se croirait presque dans Indiana Jones et le Temple Maudit, ce qui en soi n'est pas une mauvaise référence mais étonne quelque peu de la part d'un film qui insiste tant sur « l'immersion » ou le fait d'avoir été tourné dans une langue morte plus proche de celle parlée par les pré-colombiens. A l'image de son maitre d'oeuvre, Apocalypto souffre de « schyzophrénie » : on pense fortement à Bang Rajan mais surtout à Conan, King Kong, Tintin (lors d'un passage d'une lourdeur assez peu commune), The Blade, puis à Rambo II et Predator -cité explicitement deux fois- : autant de renvois assumés ou fortuits mais qui tirent dans leur immense majorité vers la fantasy et l'imaginaire : autant dire que le mélange entre « l'oeuvre authentique », la volonté « mythologique » et un scénario simpliste ne fonctionne pas très bien. On pensait que la liberté prise avec la réalité historique serait un moyen de mieux articuler le récit au service d'un propos personnel sur la nature humaine ou de transformer la société Maya en un immense décorum baroque, mais ce qui frappe c'est leur absence quasi-totale.
D'après ce qu'en dit son créateur, le projet avait commencé sur l'envie de faire un survival... Ce n'est donc pas étonnant que la longue poursuite qui conclut le film en soit le passage le plus réussi : une fois qu'elle commence, Apocalypto devient très plaisant même si elle peine à sortir de l'ombre pesante de ces modèles (le couplet franchement banal de la « rebellion » de Patte de Jaguar, sa transformation dans la boue) et n'échappe pas à certains des travers évoqués plus haut. Les défauts sont gommés ou compensés à l'énergie, une denrée inépuisable chez le cinéaste, qui tire le meilleur parti de ses décors ou de sa caméra HD légère et mobile en suivant ses acteurs dans des courses à perdre haleine dans la jungle. Pour être tout à fait impartial, certains passages dans la longue « introduction » précédant ce derniers tiers du film réussissent à atteindre cette même intensité de manière fugace, comme lors du combat entre Patte de Jaguar et le sadique en chef, ou toutes les apparitions du « chef chasseur ». Oscillant constamment entre génie et ridicule, il devient difficile de donner un avis tranché sur une bobine aussi inconsistante, dotée de qualités que ses innombrables défauts ne parviennent pas à eclipser... et inversement. C'est décidement la marque de fabrique de Mel Gibson. Le plus simple reste alors pour les curieux de tenter l'expérience par eux-mêmes, au risque (terrible !) de taper un bon roupillon ou de sortir déboussolé.
DreamSquare- Légat de légion
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