Sommes-nous entièrement conditionnés?

par **Baalberith** Dim 1 Mar 2009 - 11:14

Le musicien de rue était debout dans l'entrée de la station L'Enfant Plaza du métro de Washington DC. Il a commencé à jouer du violon. C'était un matin froid, en janvier dernier. Il a joué durant quarante-cinq minutes. Pour commencer, la chaconne de la 2ème partita de Bach, puis l'Ave Maria de Schubert, du Manuel Ponce, du Massenet et de nouveau Bach. A cette heure de pointe, vers 8h du matin, quelque mille personnes ont traversé ce couloir, pour la plupart en route vers leur boulot.

Après trois minutes, un homme d'âge mûr a remarqué qu'un musicien jouait. Il a ralenti son pas, s'est arrêté quelques secondes puis a démarré en accélérant. Une minute plus tard, le violoniste a reçu son premier dollar : en continuant droit devant, une femme lui a jeté l'argent dans son petit pot. Quelques minutes ensuite, un quidam s'est appuyé sur le mur d'en face pour l'écouter mais il a regardé sa montre et a recommencé à marcher. Il était clairement en retard.

Celui qui a marqué le plus d'attention fut un petit garçon qui devait avoir trois ans. Sa mère l'a tiré, pressé mais l'enfant s'est arrêté pour regarder le violoniste. Finalement sa mère l'a secoué et agrippé brutalement afin que l'enfant reprenne le pas. Toutefois, en marchant, il a gardé sa tête tournée vers le musicien. Cette scène s'est répétée plusieurs fois avec d'autres enfants. Et les parents, sans exception, les ont forcés à bouger.

Durant les trois quarts d'heure de jeu du musicien, seules sept personnes se sont vraiment arrêtées pour l'écouter un temps. Une vingtaine environ lui a donné de l'argent tout en en continuant leur marche. Il a récolté 32 dollars. Quand il a eu fini de jouer, personne ne l'a remarqué. Personne n'a applaudi. Seule une personne l'a reconnu sur plus de mille personnes. Personne ne savait que ce violoniste était Joshua Bell, un des meilleurs musiciens sur terre. Il a joué dans ce hall les partitions les plus difficiles jamais écrites avec un Stradivarius de 1713 valant 3,5 millions de dollars. Deux jours avant de jouer dans le métro, sa prestation au théâtre de Boston était « sold out » avec des prix avoisinant les 100 dollars la place.

C'est une histoire vraie. Joshua Bell jouant incognito dans une station de métro a été organisé par le « Washington Post » dans le cadre d'une enquête sur la perception, les goûts et les priorités d'action des gens. Les questions étaient : dans un environnement commun, à une heure inappropriée, pouvons-nous percevoir la beauté ? Nous arrêtons-nous pour l'apprécier ? Reconnaissons-nous le talent dans un contexte inattendu ?

par Dim 1 Mar 2009 - 11:44

C'est vrai que c'est particulier, ça montre juste que quand les gens ont l'esprit préoccupé ils peuvent pas faire autre choses, donc oui on doit être conditionné je suppose.

par Knyght Mer 15 Avr 2009 - 22:27

Qui sait ? Peut-être que ce sera la naissance d'une vocation pour une poignée de gamins...

par Mer 15 Avr 2009 - 22:47

C'est une histoire vraie. Joshua Bell jouant incognito dans une station de métro a été organisé par le « Washington Post » dans le cadre d'une enquête sur la perception, les goûts et les priorités d'action des gens. Les questions étaient : dans un environnement commun, à une heure inappropriée, pouvons-nous percevoir la beauté ? Nous arrêtons-nous pour l'apprécier ? Reconnaissons-nous le talent dans un contexte inattendu ?

Oulah. Pas mal finalement, comme petite "expérience".

Mais j'ai failli verser une larme pour la culture qui fout l'camp...

Il me semble que l'art est juste un bien de consommation.

Aller voir un concert, c'est le signe que la musique est bonne pour le quidam. Pas le musicien: peu savent reconnaître un certain type de violon et juger de la difficulté des morceaux.

Cela suggère que les goûts et la beauté sont très normés;
les moments où on les apprécient sont très définis.

En gros, ce qui est beau n'est plus l'oeuvre en soi, mais le prestige de se l'approprier par une place de concert. Consumérisme!

Sinon, c'est un peu facile de prendre les gens le matin, à froid, dans un endroit où d'habitude il n'y a pas de grand musicien, où les gens sont pressés, stressés, inattentifs et fermés (ce qui fait partie du triste lot de la vie quotidienne). Donc, ce n'est pas si étonnant...

C'est peu être aussi encore une expérience qui indique, outre notre inculture, nos goûts formatés, le fait que l'attention est très variable. (Essayez ça si vous voulez voir...)

En plus, il y a toute l'influence du contexte, qui, en l'occurrence, formate les attentes. Si vous achetez un CD de trve black (mettons) et que vous vous retrouvez avec du black sympho mielleux (j'ai rien contre), vous allez déchantez: bien moins parce que le black sympho est mauvais que parce que ce n'est pas ce à quoi vous vous attendiez, vous n'étiez pas ouverts, prêts pour ça. Tout se passe comme si les attentes nous formataient, nous préparaient à percevoir, ressentir, traiter l'information d'une certaine manière, comme si elles jouaient le rôle de modèles issus de nos expériences passées.

Des faits en dissonance avec nos attentes et c'est un peu la "crise", cela nécessite réorganisation, changement de stratégie.

Bon, peut-être que si on met un musicien de rue dans une salle de concert huppée avec tout le gratin parisien et quelques critiques, tout ce petit monde va s'enflammer et proclamer une révolution stylistique, artistique... :mrgreen:

par Knyght Mer 15 Avr 2009 - 22:53

~~Advodia a écrit:~~
Bon, peut-être que si on met un musicien de rue dans une salle de concert huppée avec tout le gratin parisien et quelques critiques, tout ce petit monde va s'enflammer et proclamer une révolution stylistique, artistique... :mrgreen:

Ca s'appelle la Star Academy.

par Mer 15 Avr 2009 - 23:04

Ca s'appelle la Star Academy.

Ahahaha! Excellent!

Quelque chose me dit que je ne perds rien sans télé...

par Sakrifiss Jeu 16 Avr 2009 - 8:27

Et puis est-ce que le public de ce genre de musique est dans le metro avec les autres pommes ? Tu me mets n'importe qui dans un style que je comprends pas ou n'aime pas dans le metro, pour moi, c'est un clodo qui fait chier...

Ce serait chez moi, assis dans le canape a ne rien faire, tu me mets son cd, ou alors le gus vient me jouer son coup de crincrin carrement la bouche en coeur chez moi, bah que ce soit Josh Truc ou machin, il va pas s'eterniser non plus...

Donc rien a voir avec la perception...

C'est surtout une question de cadre ici :

Le metro = ne peut pas etre bon, alors tout le monde s'en branle

Une salle de luxe = Il faut faire celui qui apprecie puisque c'est reconnu.

On s'adapte pas au musicien ou a sa musique, mais au cadre !

par Seigneur Sven Jeu 16 Avr 2009 - 11:07

Je trouve l'expérience très intéressante. Bluffante également.

Mais comme beaucoup je pense que le protocole expérimental est à revoir et que c'est plus une conception du cadre qui transparaît qu'autre chose.

Moi le premier, amateur de musique classique, je vais pas passer un quart d'heure à écouter le mec et lui filer 100 euros alors que je suis à la bourre pour aller en cours... pour peu que j'ai Emperor, Absurd ou je ne sais quoi dans les oreilles à ce moment là et j'aurais même pas un moment d'attention à lui concéder. :confus:

Après il est vrai qu'il y'a une grande part de conditionnement. L'accordéon chez nous ça fait romanichel ou bal musette alors qu'en Ukraine ou en Russie c'est un instrument classique à part entière.

par melmoth Jeu 16 Avr 2009 - 11:22

Cette petite expérience est amusante mais je ne crois pas qu'il y a la matière à tirer des conclusions ou faire des théorie plus ou moins fumeuse sur l'art en péril, le conditionnement des cerveaux et la perception de la beauté.

C'est juste la preuve que la grande musique, celle qui prends aux tripes et qui permet de s'enfoncer à l'intèrieur de soi même comme c'est le cas pour nous du black métal ou pour d'autres de la musique classique, à besoin d'un certain contexte pour que la magie opère, tout les lieux et tout les moments ne sont pas adéquat.

Bravo donc au washington post qui a organisé cette expérience qui aura permis d'enfoncer des portes ouvertes et donner un prétexte pour sodomiser des mouches, passe-temps favori de ceux qui ont du temps à perdre.

par Jeu 16 Avr 2009 - 19:04

Ca me rappelle que tous les jeudis (ou vendredis) matins il y a un petit orchestre (qui doit rassembler quand même une bonne dizaine de personnes et parfois plus) qui se réunissent dans la gare de l'Arche de la Défense, et quand je passe devant j'enleve toujours mes écouteurs pour écouter un peu ce qu'ils jouent (notez que je suis bien souvent le seul), qui plus est ils jouent surtout des classiques (Beethoven, Mozart etc).

J'ai trouvé ça très bon comme initiative. Après comme le dit Sven je peux comprendre qu'on ne s'arrête pas devant à écouter tous leurs morceaux, ce qui me parait bien normal dans un lieu comme celui-ci et ne doit de toute façon pas être leur intention de départ..

par **Blaise** Lun 19 Mai 2014 - 9:05

Remonté de topic, pour un truc qui colle pas mal :

~~[size=150]~~Angoulême : il reçoit des œufs au visage pour une étude sociologique[/size]

Qui osera jeter le premier œuf ? C'est au fond, la question que pose l'artiste angoumoisin Jérémie Pujau avec sa performance baptisée "De la poule ou de l'œuf". Mercredi, dans le cadre de sa tournée, le jeune homme de 31 ans, passé par les Beaux-arts d'Angoulême, s'est arrêté dans sa ville d'adoption pour un happening spontané.

C'est vers 15 heures que le jeune homme est arrivé sur la place Saint-Martial. Là, il a commencé à déplier une table, y a déposé trois boîtes d'œufs, puis a fait trois pas en arrière et a attendu. "J'attends que quelque chose se passe", précise-t-il. Les œufs sont en face de lui, juste à la distance d'un jet.

A Angoulême comme dans toutes les villes de France et d'Europe où il a réalisé cette performance, c'est quasiment toujours la même réaction : un groupe de jeunes entre 15 et 25 ans se forme autour de lui. Mais pour ne pas interférer sur leur libre arbitre, Jérémie joue à la statue de marbre. Immobile et muet, il attend le passage à l'acte. "Je n'attends pas forcement un jet d'oeuf. Sur la table, il y a aussi des boites vides, pour que les gens emportent les oeufs chez eux s'ils le désirent. Mais cela n'arrive presque jamais." En général un personne commence par jeter un œuf parterre pour tester ma réaction.Puis comme je ne réagis toujours pas, le groupe décide de les lancer dans ma direction", raconte-t-il.

Suite : http://www.sudouest.fr/2014/05/15/angouleme-il-recoit-des-oeufs-au-visage-pour-une-etude-sociologique-sauvage-1555797-4620.php

Site web du type avec video : http://pouleouoeuf.com/fr

par Contenu sponsorisé

Sommes-nous entièrement conditionnés?

Sommes-nous entièrement conditionnés?

Re: Sommes-nous entièrement conditionnés?

Re: Sommes-nous entièrement conditionnés?

Re: Sommes-nous entièrement conditionnés?

Re: Sommes-nous entièrement conditionnés?

Re: Sommes-nous entièrement conditionnés?

Re: Sommes-nous entièrement conditionnés?

Re: Sommes-nous entièrement conditionnés?

Re: Sommes-nous entièrement conditionnés?

Re: Sommes-nous entièrement conditionnés?

Re: Sommes-nous entièrement conditionnés?

Re: Sommes-nous entièrement conditionnés?