Napoléon vu par lui-même?
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Napoléon vu par lui-même?
elle était censée avoir été écrite à Longwood et fut publiée, en français et en anglais, à Londres par l'éditeur John Murray en mars 1817. Le livre connut un extraordinaire succès et agita aussitôt les milieux politiques de toute l'Europe. Il fut réédité à Amsterdam, Francfort, Wiesbaden, Gand, à Québec même et, en 1819, à Bruxelles sous le titre : Vie de Napoléon par lui-même. L'édition étrangère étant interdite en France, il en circula de nombreuses copies manuscrites. Le Censeur européen publia le texte avec des notes très critiques, et un anonyme sous le titre : Le Manuscrit venu de Sainte- Hélène apprécié à sa juste valeur. Ces publications furent également poursuivies et détruites.
Beaucoup, dont Metternich et Wellington, crurent d'abord à son authenticité. Plusieurs noms d'auteur furent ensuite avancés : Benjamin Constant, Mme de Staël, Fouché, Maret, Sieyès, Marmont, d'autres encore. Napoléon reçut l'ouvrage à Sainte-Hélène en septembre 1817;
il le désavoua (il prit même soin de le confirmer dans son testament) et dicta des réfutations recueillies par Gourgaud et publiées par lui en 1821. Mais ce désaveu ne convainquit pas. Louis XVIII, préoccupé, demanda même à Bourrienne une note de lecture restée inédite à ce jour. Malgré des erreurs de faits et d'interprétation, le texte était tellement empreint du style et de la pensée de son auteur supposé qu'une édition dédiée à Napoléon III parut encore en 1857 avec une préface l'attribuant à Napoléon.
Depuis 1843, on est sûr cependant que l'auteur en était l'écrivain agronome Frédéric Luflin de Châteauvieux né à Genève en 1772, familier de Benjamin Constant et intime de Mme de Staël à Coppet où il écrivait romans et pochades pour la distraction de la société. Sous l'Empire on le vit aux Tuileries. Il reçut en Suisse l'ex-impératrice Joséphine après son divorce;
après l'Empire, il fréquenta la maison impériale réfugiée : Marie-Louise, Méneval, l'ex-roi Joseph, la reine Hortense, Maret. Eynard, secrétaire de la mission genevoise au Congrès de Vienne, était son cousin. Il avait donc à sa disposition toutes les sources nécessaires. Il confessa sa supercherie à son gendre Naville de Châteauvieux qui la révéla dans sa préface aux Voyages agronomes en France, ouvrage posthume de son beau-père. D'après une tradition familiale, Châteauvieux aurait lui-même posté le manuscrit à Londres pour l'éditeur Murray;
ne serait-ce pas plutôt par un parent, Charles Lullin, chef de l'Alien Office, que le manuscrit aurait transité ? Quoi qu'il en soit, la modestie de l'auteur, esprit brillant et bon écrivain, a conduit l'historien Édouard Driault à rechercher derrière sa plume le discours de Mme de Staël qui, restée en contact avec Lucien et Joseph Bonaparte, aurait voulu, de Suisse, lutter contre la vague réactionnaire de l'après 1815. Bien au fait des conversations de Benjamin Constant avec l'Empereur pendant les Cent-Jours et ne pouvant signer elle-même un ouvrage incompatible avec sa précédente opposition, elle se serait servi d'un prête-nom pour cette opération de propagande tendant à réconcilier bonapartisme et libéralisme et à rassembler toute l'opposition aux Bourbons. Sans preuves formelles, cette hypothèse reste très vraisemblable. (Jacques Jourquin, in Dictionnaire Napoléon, Fayard, Paris, 1999, vol. 2, page 264)
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Baalberith- Princeps Romanorum
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