L'avenir de l'Histoire dans l'enseignement
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Seigneur Sven
Baalberith
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Re: L'avenir de l'Histoire dans l'enseignement
« Le contre-appel des scientifiques incultes »
Les historiens qui ont signé l’appel des vingt demandant l’annulation de la décision de rendre optionnelles l’histoire et la géographie en terminale S s’inquiètent du déclin des humanités dans la formation des lycéens scientifiques.
En revanche, ils semblent s’inquiéter moins de la place des sciences et des techniques dans la formation des lycéens littéraires. En tant que scientifiques, il nous serait plus facile d’être d’accord avec eux s’ils s’émouvaient autant de ce que le lycée forme des littéraires ignares en sciences que de ce qu’il forme des scientifiques incultes ;
et si leurs propositions relevaient de la solidarité pédagogique globale, plutôt que d’une vision corporatiste.
Si l’histoire – notamment celle des sciences et des techniques – et la géographie, sont indispensables pour se situer dans le monde d’aujourd’hui, les mathématiques, la physique et la chimie, la biologie et l’informatique sont des savoirs tout aussi indispensables pour trouver à se situer dans ce monde. Or, ces savoirs sont déniés aux lycéens chaque année davantage, alors que l’histoire et la géographie restent, rappelons-le, obligatoires dans chacune des classes de la sixième à la première.
L’affirmation des signataires selon laquelle la décision de rendre l’histoire et la géographie optionnelles en terminale S relève d’un « utilitarisme à courte vue ». Elle reflète le préjugé fréquent qui assigne aux sciences et aux techniques un rôle exclusif d’outil, niant leur rôle intellectuel, libérateur de la pensée.
Seule la démarche scientifique a permis à un Galilée, à un Darwin, à un Turing, de défier les idéologies auxquelles ils étaient confrontés et de modifier profondément notre histoire.
Ce qui, bien au contraire, nous semble impératif aujourd’hui est de donner aux sciences et aux techniques la place qui leur revient dans la formation intellectuelle initiale de nos concitoyens, ce qui passe, entre autres réformes, par la création d’une véritable série S au lycée, pour laquelle la lettre S signiefierait « science » et non « sélection ».
Signataires :
Martin Andler, Mathématicien, professeur à l’université de Versailles Saint-Quentin, Gérard Berry, Professeur au Collège de France, Michel Cosnard, PDG de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria), Gilles Dowek, Professeur à l’Ecole Polytechnique, Malik Ghalab, Directeur scientifique de l’Inria, Claude Hélène, Directeur de recherche à l’Inria, Hélène Kirchner, Directeur scientifique adjointe à l’Inria, Pierre Laszlo, Historien des sciences, professeur honoraire à l’Ecole polytechnique, Maurice Nivat, membre de l’Académie des Sciences, Michel Serres, Membre de l’Académie Française
Source: Libération d'aujourd'hui.
Rien à rajouter, je suis totalement en phase avec ce qui est écrit.
Re: L'avenir de l'Histoire dans l'enseignement
Baalberith- Princeps Romanorum
Re: L'avenir de l'Histoire dans l'enseignement
C'est vrai que la levée de boucliers m'a un peu surprise par son manque de nuance, depuis (?) les filières STI, STL et STG arrêtent l'histoire en 1ere. Alors entendre que S doit signifier "Scientifique" et non "Sélection", mais oublier (ou ignorer?) que d'autres filières qui forment également les ingénieurs de demain ont aujourd'hui le même rapport à l'H/G que ce qui va être appliqué aux S, me laisse un peu sceptique.
Necrowarrior- Légat de légion
Re: L'avenir de l'Histoire dans l'enseignement
Necrowarrior a écrit:http://www.liberation.fr/societe/0101607937-les-pros-et-les-technos-oublies-de-l-histoire
C'est vrai que la levée de boucliers m'a un peu surprise par son manque de nuance, depuis (?) les filières STI, STL et STG arrêtent l'histoire en 1ere. Alors entendre que S doit signifier "Scientifique" et non "Sélection", mais oublier (ou ignorer?) que d'autres filières qui forment également les ingénieurs de demain ont aujourd'hui le même rapport à l'H/G que ce qui va être appliqué aux S, me laisse un peu sceptique.
Tu fais bien de citer aussi cet article que j'avais lu dans le même journal et qui laisse songeur.
Plus ça va et plus je trouve pathétique cette levée de bouclier corporatiste.
Re: L'avenir de l'Histoire dans l'enseignement
C'est vrai que la levée de boucliers m'a un peu surprise par son manque de nuance, depuis (?) les filières STI, STL et STG arrêtent l'histoire en 1ere. Alors entendre que S doit signifier "Scientifique" et non "Sélection", mais oublier (ou ignorer?) que d'autres filières qui forment également les ingénieurs de demain ont aujourd'hui le même rapport à l'H/G que ce qui va être appliqué aux S, me laisse un peu sceptique.
Tout à fait! Ils devraient tout simplement refaire les filières ou les supprimer tout simplement en laissant les gamins choisir leurs matières dès la 1ère, en dehors d'un tronc commun (genre maths, français, h/g et anglais)...
Baalberith- Princeps Romanorum
Re: L'avenir de l'Histoire dans l'enseignement
Seigneur Sven- Légat de légion
Re: L'avenir de l'Histoire dans l'enseignement
)
Pour ceux qui ignorent tout de la réforme, elle va toucher les Secondes dès septembre 2010, puis les Premières dès septembre 2011 et enfin les Terminales dès septembre 2012. Nous sommes donc uniquement au courant de ce qui va tomber pour les Secondes actuellement...
L’étude met en perspective dans le temps long et dans l’espace les
grandes phases de la croissance de la population et du peuplement de la Terre. L’utilisation des TICE est recommandée pour traiter cette question.
La question porte sur le changement de régime démographique. Elle est traitée par l’étude de la population française du XVIe au XVIIIe siècle.
La question porte sur les migrations européennes au XIXe siècle. Elle est traitée par une étude, repérée dans le temps et l’espace :
la crise agricole et l’émigration des Irlandais au XIXe siècle.
La question porte sur :
- La participation du citoyen aux institutions et à la vie de la cité : fondement de la démocratie athénienne.
- La démocratie vue et discutée par les Athéniens.
La question porte sur :
- L’extension de la citoyenneté à la Gaule romaine : les tables claudiennes.
- L’extension de la citoyenneté à l’ensemble de l’empire : l’édit de Caracalla.
La question porte sur :
‐ Travailler la terre dans le cadre de la seigneurie: évolutions et permanences.
‐ Sociabilités, tensions et crises dans les communautés rurales.
La question porte sur la christianisation et la vie religieuse des communautés rurales. Elle est traitée en prenant appui sur une étude au choix parmi les trois suivantes :
‐ La découverte d’un lieu de culte : une église ou une abbaye.
‐ Les croyances et les pratiques religieuses dont témoignent des oeuvres d’art.
‐ La vie d’un moine, Bernard de Clairvaux (1090-1153) ou d’une moniale, Hildegarde de Bingen (1098-1179).
La question porte sur les représentations et les rituels liés à la féodalité. On traite au choix :
‐ Les liens d’homme à homme : cérémonies, rituels et symboles.
‐ L’idéal du chevalier : du guerrier au « chevalier de charité » et à l’amoureux courtois.
La question porte sur des lieux représentatifs de civilisations du monde. Elle est traitée en prenant appui sur l’étude de deux villes (dans toutes leurs dimensions et en prenant en compte leurs éventuelles relations avec l’Europe). Une étude obligatoire :
- de Constantinople à Istanbul : un carrefour de civilisations.
Une étude au choix parmi les deux suivantes :
- Pékin : une capitale d’empire.
- Tenochtitlan : une civilisation confrontée à la colonisation.
La question porte sur l’élargissement des horizons des Européens à l’époque de l’Humanisme et de la Renaissance. Elle est traitée en prenant appui sur deux études choisies parmi les quatre suivantes :
- Magellan : un Européen à la découverte du monde.
- Les Plantin : le livre et l’humanisme.
- Léonard de Vinci et le rayonnement de Florence.
- Luther : un nouveau rapport de l’homme à Dieu.
La question porte sur la révolution scientifique et technique qui s’affirme en Europe de la fin XVIe au XVIIIe siècle. Elle est traitée par deux études choisies parmi les trois suivantes :
- Galilée et la conception copernicienne de l’univers.
- Emilie du Châtelet et la diffusion des idées de Newton.
- James Watt : la révolution de la vapeur.
La question porte sur la revendication des libertés et l’affirmation des Lumières, aux origines intellectuelles de la Révolution française. On traite :
- Le legs des révolutions anglaise et américaine.
- Les Lumières et la République des Lettres.
La question porte sur l’apprentissage difficile des libertés et de la souveraineté nationale pendant la Révolution française. On aborde :
- Le déclenchement de l’événement révolutionnaire (1788- 1789).
- Les principes de la Révolution à l’épreuve des expériences politiques, de la prise de la Bastille au début de l’Empire, en s’appuyant sur trois problématiques : l’échec de la monarchie constitutionnelle (de la fête de la Fédération au 10 août 1792) ;
la République et ses contradictions (du 10 août 1792 au 18 brumaire);
Napoléon Bonaparte : liquidation ou consolidation des principes de la Révolution (du 18 brumaire au début de l’Empire)? On insiste sur le rôle et le jeu des acteurs, individuels et collectifs.
La question porte sur l’affirmation du libéralisme et des nationalités en Europe. Elle est traitée en prenant appui sur deux études :
- Les conspirateurs Carbonari : sociabilité, libéralisme, républicanisme et luttes pour les nationalités.
- 1848 : révolutions politiques, révolutions sociales, en France et en Europe. Dans ce cadre sont notamment abordées le suffrage universel masculin et l’abolition de l’esclavage sous la Seconde République.
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Alors en dehors des problèmes personnels que cela posent aux profs et qui ne vous concerne pas, y'a quelques problèmes de difficultés d'un tel programme, et une approche par sujets d'études qui tend à rompre avec la conception sur le long terme et la compréhension générale, la continuité historique...
Baalberith- Princeps Romanorum
Re: L'avenir de l'Histoire dans l'enseignement
Heureusement il y'aura la féodalité, thème qui me tient à coeur... par contre la disparition de l'étude de la Méditerranée au XIIe est une connerie car ça permettait de voir Byzance et le fonctionnement d'une théocratie...
J'espère qu'on ne lira pas trop de conneries sur la féodalité...
Disparition de la naissance et de la diffusion du christianisme dans l'antiquité aussi.
Je comprend pas trop le but recherché en fait avec un tel programme sinon de tabler sur un questionnement autour des rapports entres les hommes et le monde au cours des siècles. (hommes entre eux, homme et la société, etc...).
Seigneur Sven- Légat de légion
Re: L'avenir de l'Histoire dans l'enseignement
Necrowarrior- Légat de légion
Re: L'avenir de l'Histoire dans l'enseignement
Baalberith- Princeps Romanorum
Re: L'avenir de l'Histoire dans l'enseignement
"Il faut éveiller l'esprit critique" qu'ils disent...
Seigneur Sven- Légat de légion
Re: L'avenir de l'Histoire dans l'enseignement
Par ailleurs je reproche plusieurs choses au programme: on ne lie pas l'Histoire et la Géographie, du moins pas suffisamment, alors que ces deux disciplines me paraissent difficilement dissociables. De la même manière que l'Histoire me semble "difficilement dissociable" du Français/de la littérature, des sciences, de l'éducation civique, de l'art, etc ... En somme, de toutes les matières et pourtant je n'ai appliqué des liens qu'en débarquant en cours de Lettres, il me semble tout de même que pour une compréhension globale, il serait utile, voire nécessaire, de mettre ce système en place avant les études supérieures auxquelles beaucoup d'élèves n'ont pas accès. Et ce n'est pas un reproche que je fais seulement pour l'Histoire. D'autre part, je crois que l'on passe trop de temps sur certaines périodes, qui sont riches c'est sur, comme la première et la seconde guerre mondiale (que l'on connait par coeur), mais je crois qu'on bâcle des éléments majeurs de notre histoire, en particulier la période féodale et les XVIe et XVIIe siècles.
Cependant il est vrai que les élèves ont aussi la possibilité de s'informer en dehors des cours, mais ça n'empêche rien.
Je suis particulièrement contre la suppression de l'H/G en S, il n'y a pas de meilleur moyen de creuser encore plus le fossé, déjà que je trouve ridicule le fait de leur supprimer le Français. Même les L sont parfois de fameux illettrés (j'ai pu en faire le constat), et quand je vois le niveau général de grammaire à l'entrée en seconde, je me fais du souci. C'est un peu un: "Si j'aurais su, j'aurais pas venu !"
Re: L'avenir de l'Histoire dans l'enseignement
Sinon j'ai toujours fait le pont entre toutes les matières de sciences humaines, ça me paraît naturel. Mais c'est peut-être une question de goût et d'éducation personelle... En tout cas c'est une chose fondamentale à la formation d'esprit bien faits.
Quant à ces suppressions j'en ai déjà parlé : ça me paraît une folie, un reniement absolu d'une certain conception de la vie de l'esprit et une manière d'enseigner à peu de frais.
Re: L'avenir de l'Histoire dans l'enseignement
Tout ça pour dire que même en S la suppression de l'histoire est une hérésie.
Blaise- PostChrétien
Re: L'avenir de l'Histoire dans l'enseignement
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