Vous et l'étranger...

par Ven 4 Aoû 2006 - 22:36

Voilà, je me décide enfin à ouvrir un sujet, que je mets volontairement en section taverne*, car il a plus pour vocation à distiller un peu de rêve et d'avenir...

Le sérieux est toutefois de rigeur! ;
)

D'aucuns d'entre nous ont ou ont eu une expérience à l'étranger, soit en y étudiant, soit en y travaillant etc.

D'autres aspirent à une vie hors de France, peut-être dans de lointaines contrées reculées.

En somme, j'aimerais que nous puissions partager nos expériences, nos projets d'avenir, qui aient un raport avec l'étranger.

Les désillusions vécues, ou les désagréments auxquels vous pourriez être confrontré, en essayant de jeter un regard lucide sur votre faculté à vivre loin de votre patrie, famille, des proches etc.

N'hésitez pas à avoir la parole volubile pour enrichir au possible la discution!

*~~[size=75]~~sujet déplace par Necrowarrior[/size]

par Sam 5 Aoû 2006 - 3:38

Merci pour un tel post Escaragol, au moins un genre de sujet qui me tient à coeur sur lequel j'ai un peu plus envie de m'épancher que d'habitude.

Ca va faire maintenant deux ans que j'ai découvert que oui, je pouvais très bien faire tout ou partie de ma vie à l'étranger, grâce à une année d'échange en Finlande. C'est incroyable le nombre de portes que ça m'a ouvert dans l'esprit. Déja ça m'a conforté dans le fait que j'aimais beaucoup les langues, ne serait-ce qu'apprendre leur fonctionnement, pouvoir les écouter au quotidien. Je me suis rendu compte que j'avais perdu des années dans le système éducatif français qui ne me convenait absolument pas, et que toutes ces tares linguistiques accumulées pouvaient s'effacer d'un coup après quelques mois de pratique dans le pays. Du coup, après avoir réglé mes comptes avec l'anglais, je pense maintenant à l'allemand, je pense au russe, je pense au finnois que j'ai à peine eu le temps d'aborder pendant mon séjour là bas. Je pense aussi aux langues scandinaves, aux autres langues slaves, je suis devenu un curieux maladif. Mais je sais que tout cela ne se fait qu'au prix d'une installation d'une certaine durée dans le pays. Faut-il encore avoir quelque chose à y faire.

C'est donc tout naturellement que je pense à l'étranger pour mon avenir professionnel, et je suis actuellement confronté à un choix draconien histoire de concilier aux mieux mes intérets professionnels, linguistiques, touristiques et culturels pour mon prochain pays d'adoption.

Au fur et à mesure de mes petites expériences à l'étranger, je me rends compte combien l'intégration peut être difficile. Pas que les gens ne soient pas accueillants, ouverts, non. Mais il faut attendre une certaine période afin de quitter l'état d'esprit de touriste et commencer à se nourrir du même quotidien que l'autochtone. A partir de là il est sans doute plus facile de bâtir des relations durable avec les gens. Chose qui m'a manqué jusqu'à présent mais je suis loin d'être un modèle de sociabilité! Il est très facile de tomber dans le piège de la communauté franco-française à l'étranger, même élargie aux autres nationalités émigrées, et de vivre dans une espèce de bulle avec quelques rapports formels seulement avec le pays qui t'accueille. Donc voilà l'objectif pour le prochain séjour: fuir le français comme la peste

Je crois qu'il m'a fallu m'extraire de mon pays pour avoir l'impression de lui appartenir.

par Sam 5 Aoû 2006 - 11:51

Certes, merci à Escaragol (quelle bonne idée !), mais je dirais également merci à Pijarn, car sa phrase de conclusion résume parfaitement ce que je ressens actuellement ( et ce que j'ai d'ailleurs toujours ressenti), résidant en Allemagne depuis plus d'une année maintenant. Il est tout à fait exact que l'intégration, ou plutôt l'assimilation dans un autre pays (à vrai dire, je n'aime pas parler de pays étranger), n'est pas chose aisée, car chaque citoyen du monde véhicule des clichés plus ou moins réels, voire même déstabilisants et dont il est parfois difficile de se débarrasser, surtout dans un contexte socio-culturel nouveau et parfois difficile à appréhender. Pourtant, le défi à relever est passionnant, surtout si on cultive la passion des langues ! Ayant eu également la chance de pouvoir vivre plusieurs mois en Suède et quelques temps en Russie, je dois dire que cela me conforte dans l'idée selon laquelle représenter (de manière inofficielle) son pays est une chance incroyable, à tel point qu'aujourd'hui, si je devais rentrer en France, cela m'attristerait. Je me suis également rendu compte, un peu comme Pijarn, que le fait de vivre ailleurs a renforcé ma curiosité, me poussant à m'investir davantage, à aller à la rencontre du monde culturel hôte, et surtout à développer un recul nécessaire par rapport à mon pays d'origine et parallèlement à renforcer mon sentiment d'appartenance à ce même pays ;
je me souviens par exemple que lorsque j'habitais Stockholm, j'allais au moins deux fois par semaine à la kulturhuset afin de lire les journaux français, de rester au fait de l'actualité dont je pouvais discuter avec quelques compatriotes qui avaient développé cette même habitude. Lors de mon premier séjour en Russie (car il y en aura d'autres, c'est certain), et malgré le fait de me retrouver dans un coin perdu de la Russie septentrionale, j'ai été en contact avec de nombreux Russes qui vantaient la beauté de la Littérature française et me parlaient de la culture "à la française"...

Et puis je dirais qu'on a un avantage certain sur d'autres représentants de nation, dans le sens où étant français, on est censé de ne maîtriser aucune autre langue, ou alors la bredouiller avec un terrible accent si reconnaissable, donc le contact est plus facile si on est capable de parler la langue du pays hôte !

Au bout du compte, je prends conscience du changement de mentalité qui s'opère en moi puisqu'il y a encore quelques temps, je m'interrogeais encore sur la finalité de l'apprentissage des langues, et finalement, c'est une richesse qui n'a pas de prix car elle donne accès à l'invisible, l'intouchable, au sublime...

par Mer 9 Aoû 2006 - 3:46

Tout à fait judicieuse, cette notion d'ambassadeur non officiel! Au début, je me rappelle avoir éprouvé une certaine gêne lorsqu'au détour d'une conversation un peu plus poussée (donc arrosée?) que d'habitude, mon interlocuteur se met à s'intéresser au fonctionnement de mon pays. Force est de constater que l'on est souvent le moins bien placé pour parler des institutions, des rouages de la société, d'une foultitude de détails, puisqu'on a jamais eu à expliquer à quiconque auparavant ce que l'on a toujours vécu comme la norme, ce dont on n'avait même pas remarqué l'existence. On hésite un instant à fournir une réponse bateau, sur le vif, puis on réalise que c'est ce que notre homme tiendra pour acquis, puisque venant d'un autochtone. On se retrouve alors dans un premier temps à avouer son ignorance, avec la ferme intention d'essayer petit à petit de la combler. C'est ce mécanisme de recul forcé qui permet de mieux cerner ce qui nous caractérise.

D'ailleurs, dans la continuité ce cette expérience, après m'être découvert savoyard en arrivant à Lyon puis français en arrivant en Finlande, outre-Atlantique depuis quelques mois je me sens maintenant européen avant tout.

par Mer 9 Aoû 2006 - 23:44

Je te rejoins également sur ce point. J'avoue m'être plusieurs fois senti mal à l'aise alors que je conversais avec une personne du pays hôte qui me posait des questions précises sur mon pays d'origine, et que j'étais plus ou moins incapable de lui fournir une réponse conséquente...

Je me suis senti lyonnais lorsque j'ai vécu à Lille, puis lillois lorsque j'en ai déménagé, et aujourd'hui je me sens principalement français, à tendance citoyen du monde (je suis conscient des connations autour de cet terme), dans le sens où je ne me limite pas à certaines cultures ou à certains pays.

J'ai notamment eu récemment la chance de passer quelque temps avec un Chinois, ou plutôt devrais-je dire un Ouïgour, appartenant à une minorité turcophone et musulmane habitant le Xinjiang en Chine. Il m'a montré des photos de sa terre natale, de sa famille, m'a parlé des traditions ancestrales qui lui sont chères, et tant d'autres choses. Ce qui est vraiment intéressant c'est le fait de pouvoir opérer des rapprochements avec ses propres repères, pour moi ce fut principalement la Russie...

Comme je l'ai dit précédemment, le fait de s'expatrier permet d'avoir un recul nécessaire par rapport à ses expériences passées et j'ai l'impression (tout du moins dans mon cas) qu'il y a toujours un retour en arrière qui s'effectue, empreint d'une profonde et sincère nostalgie. C'est seulement lorsque j'ai quitté Lyon que je me suis soudainement rendu compte que je la regrettais, de même pour Lille, etc.

A chaque passage dans un lieu, quel qu'il soit, on n'y laisse forcément une empreinte qui reste, inconsciemment et profondément, marquée en nous.

par Contenu sponsorisé

Vous et l'étranger...

Vous et l'étranger...

Re: Vous et l'étranger...

Re: Vous et l'étranger...

Re: Vous et l'étranger...

Re: Vous et l'étranger...

Re: Vous et l'étranger...