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La mélancolie et le rock...:

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La mélancolie et le rock...: Empty La mélancolie et le rock...:

Message par  Ven 1 Déc 2006 - 15:45

...Ian Curtis et la Subculture "gothique"



[Un autre extrait d'une étude, cette fois ci menée par Philippe Birgy.

Et vous aurez remarqué qu'un sondage sur l'intérêt que vous portez sur ce genre d'étude l'accompagne.

Il est là parce que les textes sont recopiés directement d'ouvrages et ne sont pas de "simples" copier/coller. Ca me prend pas mal de temps à taper donc si ça n'intéresse personne DITES LE FRANCHEMENT ça m'évitera de me faire ***** dans le futur..!]









Le groupe dont nous parlons se nommait Joy Division, et son chanteur-parolier, Ian Curtis.

D’un bout à l’autre de son bref et intense parcours musical, Ian Curtis s’est distingué par la noirceur de son imaginaire et les accents désespérés que sa voix grave et monotone conférait à la musique de Joy Division. Celle-ci se singularisait par un emploi statique des tonalités. Le dépouillement de l’orchestration semblait résulter d’un refus du mélodique et du chantant ou d’un rétrécissement des possibilités d’harmonisation. La syncope et le trébuché avaient été écartés de la rythmique pesante des titres. Ainsi disparaissait toute trace d’un élan ou d’une poussée tonique (signes expressifs qui auraient pu figurer les sursauts de vivacité d’un tempérament équilibré). La convergence entre chant et musique était renforcée par l’usage de lignes de basse descendantes redoublant le phrasé de Ian Curtis.

Inspirée par le punk la musique de Joy Division tendait en effet par principe vers une économie de moyens et une esthétique de la discorde.

Jon Savage dans sa préface à l’ouvrage autobiographique de Deborah Curtis, mentionne le mythe de l’artiste maudit qui hante la culture rock et il en cite les prototypes historiques : Thomas Chatterton, Rudolf Valentino, Sid Vicious, Ian Curtis et Kurt Cobain. Mais l’idée d’un martyre rock appliquée à Curtis, scandalise les fans qui veulent préserver la dimension humaine de ce souvenir. Pourtant elle reflète le traitement de l’événement par la presse et sa réception par le public.

Claude Chastagner souligne, dans La loi du rock, les aspects mortifères de l’univers du rock et le « nombre élevé de morts prématurés ». Qui plus est le public s’attache à la mémoire de ces disparus pour fonder ce qui pourrait être désigné comme un culte sentimental de l’échec. De surcroît, si ces figures populaires ont laissé un souvenir marquant c’est, semble-t-il, que la mort a authentifié leur statut d’idole. Elle prolonge donc la culture de l’abandon, dont ces acteurs s’étaient fait les porte-parole de leur vivant, et confirme la propension aux états dysphoriques qui les caractérisaient dans leurs œuvres.

La méthode girardienne le conduit à penser que le rock, par son excès et son dérèglement, mime des états de violence anarchique ou de dérèglement affectif qui mettraient en péril la communauté s’ils se généralisaient.

Ses mises en scènes outrancières fournissent aussi un exutoire à des passions qui en s’exprimant hors des limites de la scène rock pourraient dissoudre les liens sociaux et impersonnels qui sont les garants de notre vie en commun. L’idole rock est la victime expiatoire qui vit les angoisses et les pulsions collectives par procuration afin que leur ritualisation s’accomplisse et que les « penchants malsains » du public puissent être expurgés, ceci afin d’éviter qu’ils se concrétisent ailleurs.

Compte tenu de cette hypothèse, on comprendrait alors pourquoi le souvenir de ces grands disparus est si tenace : c’est qu’étant de l’ordre du rituel, le scénario fatal qui leur confère leur identité héroïque serait sans cesse réactualisé ;
l’événement rock serait la représentation du même drame : la destinée fatale d’une victime toujours égale à elle-même. Autant dire que les acteurs seraient interchangeables.

L’idole rock est-elle véritablement ce héros digne d’admiration ou interprète-t-elle seulement un rôle dans un rituel dont les enjeux lui échappent ?

Nous observerons plus loin ces ambiguïtés qui brouillent la limite entre la personne publique et privée, entre l’interprétation que donne le public des événements rocket les intentions culturelles de ceux qui participent à la scène.

Les arguments de Girard pourraient nous amener à reconnaître dans le phénomène rock les prolongements d’une pensée sacrificielle, qui aurait par conséquent résisté au processus d’usure historique, ce long travail d’érosion du sacrificiel qui en aurait graduellement révélé les fondements immoraux.

Si nous suivons les implications de la théorie du sacrifice, les candidats au statut de héros populaire devraient savoir que mascarade se joue à leurs dépens et que la position qu’ils convoitent est intenable. Le rock apparaît en cela comme un pousse au crime, aux de ses adversaires : c’est une cérémonie qui tourne mal, un vecteur de discorde qui répand les maux au lieu de les contenir, qui lègue au spectateur la « maladie universelle » sous couvert de prêcher une parole libératoire.

Cette culture mise en perspective, se donne donc à voir en raccourci comme une quête de l’excès. Et ses caractères visibles ne seraient donc que les différentes modalités de réalisation de la quête : déviance sociale, éloge de la criminalité et de la folie, recherche des états critiques, exacerbation des humeurs dépressives, autodestruction, fantasme guerrier et barbarisme, provocation et brutalisation du public, exploration du vulgaire.

[…] Un certain nombre de distinctions s’imposent, disions nous, et les généralisations nous empêcheraient de saisir la spécificité des genres évoqués ici. La première de ces distinctions concerne la nature ou la déviance qui s’illustre indifféremment, en apparence, dans toutes les provinces du rock. Pourtant l’excès est valorisé, il se veut l’expression d’un certain état d’esprit libertaire et d’un rejet des conventions. Cette contre culture, alimentée par la conviction utopique que le monde peut être altéré, participe donc d’une quête de valeurs euphoriques, que celles-ci soient publiques ou privées. […] Le sordide et la mort peuvent parfois être les conséquences d’un choix de vie alternatif, mais ils n’en sont jamais explicitement l’objet. Tout au plus seront-ils le prix de ce choix, le risque de la différence. Le pathos de l’exclusion et de la marginalité ne fait que confirmer la résolution utopiste et/ou l’urgence vitale du projet social. Elle n’est pas d’avantage exempte de la nostalgie d’un âge d’or ou d’une humeur pastorale.

Il faut également opposer à la pop ces autres genres subculturels hybrides que sont le hard rock et le heavy metal puisqu’ils ne font qu’emprunter à la contre culture des années soixante les moyens d’expression d’un différence. En revanche ils abandonnent son utopisme. De fait, les manifestations dysphoriques, qui se donnent à voir dans le heavy metal, furent souvent apparentés aux geste de rébellion des rockers, bien que le heavy en éxagère volontairement la théatralité. D’où son penchant pour le grotesque et le monstrueux. Mais la performance heavy metal est aussi une exhibition triomphale de vitalité sexuelle et physique et de la dissipation des énergies. La virtuosité instrumentale des musiciens est célébrée pour les mêmes raisons : pour ce qu’elle suppose de contrôle des sentiments, de sorte que même au paroxysme de l’hystérie (feinte) les membres du groupe gardent leur aptitude à gérer l’éxécution musicale ;
mieux, cet état d’exaltation ne fait qu’accroître la vitesse et la précision du jeu. L’exercice vocale est aussi une manifestation de maîtrise corporelle virile.

Dans le heavy metal, il est question de colère et de violence, mais jamais de renoncement. Si l’emploi de l’imagerie satanique suggère un abandon aux forces du mal, celui-ci est célébré comme un acte délibéré et une source de vitalité accrue.

La musique de Joy Division au contraire, restreint le champ des émotions dysphoriques à l’angoisse et renonce à croire aux vertus d’une violence libératrice. Là ou, dans le rock extraverti ou politiquement motivé, le refus de l’enchainement aux habitudes et aux contraintes socio-économiques suscitait une vertigineuse mais délectable fuite en avant, accompagné de l’éloge de la vitesse, ce même sentiment d’enfermement semble, dans l’univers musical de Joy Division, paralyser toute volonté de lutte, et le dynamisme du instrumental figure cette contrainte.

[…]

Si l’âge adulte s’assimile dans l’esprit du rocker à la tempérance, à l’extinction du désir et des passions, alors il est capital pour affirmer le de la rébellion rock de rejeter la maturité, cette déchéance.

Les avis critiques qui prétendent dévoiler « l’imposture » des mises en scène du rock ne remettent finalement pas en cause l’essentiel, à savoir le parti pris biographique, cette idée que le choix de la souffranc t de l’autodestruction appartient à l’artiste seul. Ils argueront par exemple que la production principale de ces candidats à la célébrité est l’invention d’eux-mêmes. Les critiques concluront donc que c’est la position de star qui compte à leurs yeux, pas l’excellence musicale. C’est par un processus de ce genre qu’un rêve de gloire morbide est attribué à Ian curtis, lui qui, enfant, imitait ses idoles devant la glace.

Ce rêve du passage du passage à la postérité, d’un déplacement par lequel la représentation de soi dans l’opinion publique viendrait à signifier plus que la vie personnelle, ne peut certainement pas être attribué au musicien. C’est le fantasme des spectateurs, projeté sur leur idole, qui se trouve ici décrit.

Dans le cas du « gothique », l’importance est d’autant plus grande que le milieu subculturel sert de médiateur dans un rapport émotionnel que le publique entretient avec sa propre intériorité. Les craintes indicibles, qui sont mise en jeu lors du contact avec la scène, sont à tout moment susceptibles de le déstabiliser.

Enfin,si le rayonnement du « gothique » est moindre et s’il suscite plus rarement l’intérêt des médias, c’est peut être parce qu’il a trouvé sa niche économique et a établi ses conventions sentimentales de sorte que par exemple, il s’exprime par le biais d’une presse spécialisée. Ainsi étant devenu prévisible, son impact émotionnel est moins destabilisant et la fascination qu’il exerce moins intense.
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Message par  Dim 10 Déc 2006 - 22:22

Diable... La vision du terme "gothique" à proximité immédiate de "Ian Curtis/ Joy Division" s'apparente pour moi toujours autant à un cauchemar...



A part ça, serait-il éventuellement possible de disposer d'une petite bibliographie (+ citation exacte de la source)? Merci.
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Message par  Lun 11 Déc 2006 - 19:13

pour la source exacte...il faudrait que je retourne à la B.U, tout ce que je peux te dire est que ce texte est extrait d'un bouquin d'ethnomusico. qui regroupe plusieurs études ayant pour point commun la représentation de la tristesse dans les musiques du monde.

Pour la bibliogrepahie, je te renvoie à cette autre étude de Seca



http://geirso.uqam.ca/publications/pdf/Section1/Culture/seca.pdf



N'etant pas spécialiste dans le domaine je n'ai pas grand chose de plus a proposer.
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Message par  Sam 16 Déc 2006 - 0:21

Si tu nous disais ce que toi tu en retiens, ou ce dont avec quoi tu n'es pas d'accord, ça lancerait le débat.

Mais bon je crois que la plupart des gens voulant écrire sur une culture "underground" se réfèrent à Muse et Sum 41 et pondent un article.
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Message par  Sam 16 Déc 2006 - 11:36

Pagan a écrit:Si tu nous disais ce que toi tu en retiens, ou ce dont avec quoi tu n'es pas d'accord, ça lancerait le débat.


Je le ferais certainement quand j'aurais un peu plus de temps.

Mais sinon tu sais, rien ne t'empêche de le faire aussi




Pagan a écrit:Mais bon je crois que la plupart des gens voulant écrire sur une culture "underground" se réfèrent à Muse et Sum 41 et pondent un article.


A la différence qu'ici t'as affaire avec un siocologue et non un journaliste de M6 ;
)
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