Réformer l'orthographe?
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Re: Réformer l'orthographe?
En fait je suis prof... :mrgreen:
Ca m'apprendra à pas aller voir dans les Salutations, c'est bien la peine de les avoir créées!;
) Alors tu n'as jamais questionné tes collègues? Demande aux vieux profs, de français ou autres, tu verras: ils sont tous unanimes!
J'aimerais bien voir ça... C'est simpliste comme argument. Le meilleur moyen de mesurer ça, c'est .... les tests de QI. Les tests scolaires, et autres épreuves, peuvent aussi le faire. Mais, ils faut voir leurs qualités de mesures: fidélité, validité etc. Bref. Je suis très sceptique sur l'idée qu'on soit plus ou moins bête qu'avant... Je ne vois pas comment le savoir vraiment... Par contre, j'ai cette impression, aussi, évidemment, à titre personnel. Mais, nos opinions ne valent rien pour parler des faits.
En même le QI est une forme d'intelligence et non l'intelligence hein. mais tu as raison, c'est assez simpliste, pourtant, TOUS (je dis bien tous) les profs que j'ai rencontré depuis des années et à qui j'ai posé la question sont unanimes à ce sujet. J'ai pu moi-même faire le constat en comparant avec mes connaissances et capacités de l'époque. Pour finir, il suffit (et là on est encore plus dans le vérifiable) de regarder les exigences des devoirs, des consignes rectorales et du bac d'aujourd'hui par rapport à celui de notre époque, celui de nos parents et grands-parents (et ainsi de suite). Tu admettras, qu'au final c'est loin d'être une affirmation à la va-vite!
)
Tu me parles de nouvelles compétences, si on veut, mais elles n'enlèvent pas les capacités des élèves faces aux anciennes.
mal parler et à mal écrire, qu'ils le fassent et en paient le prix.
Tu raisonnes en bon individualiste, mais on traite du problème à l'échelle nationale voire francophone!
Je souris un peu aussi quand on donne trop d'importance à l'orthographe pour la langue et la culture: plus personne ne regrette les anciennes orthographes, comme celles du XVIIIème (sauf votre serviteur);
c'est un peu réduire la culture à la cosmétique du mot, en laissant de côté le sens, je trouve ça un peu dommage...
Voilà ce dont je parlais lorsque j'évoquais l'évolution progressive (et non soudaine) d'une langue... Toute langue évolue naturellement, alors laissons les choses évoluer progressivement plutôt que de vouloir changer brusquement (cf. perte de repères).
Baalberith- Princeps Romanorum
- Messages : 6025
Date d'inscription : 30/03/2004
Re: Réformer l'orthographe?
Tu me parles de nouvelles compétences, si on veut, mais elles n'enlèvent pas les capacités des élèves faces aux anciennes.
C'est vrai. Mais, là-derrière, je me dis qu'on ne peut pas tout apprendre. Il y a des limites pratiques. Ne serait-ce que le temps d'apprentissage...
Tu raisonnes en bon individualiste, mais on traite du problème à l'échelle nationale voire francophone!
Oui. Je ne l'ai pas dit assez clairement: il y a d'une part ce que je fais et ce que je ressens à ce sujet, et d'autre part, mes opinions sur les politiques scolaires (opinions guères informées...).
Voilà ce dont je parlais lorsque j'évoquais l'évolution progressive (et non soudaine) d'une langue... Toute langue évolue naturellement, alors laissons les choses évoluer progressivement plutôt que de vouloir changer brusquement (cf. perte de repères).
Je me demande ce que veut dire naturellement dans le contexte d'une évolution culturelle...
Pourquoi les changements décidés ne seraient pas naturels? Bref. Par "naturellement", je comprends que tu veux dire les changements induits par la pratique de la langue. Et c'est vrai que les décisions qui se prennent en haut n'en tiennent pas forcément compte.
Il vaut mieux que nos amis académiciens n'aillent pas contre certains changements "naturellement culturels". Lutter contre les anglicismes en les interdisant à l'école, ou contre le langage SMS, par exemple, ne me paraissent pas très intéressants (même si ça se justifie dans le cadre scolaire). Offrir des opportunité aux anglicismes, en étant plus inventif, accentuer l'apprentissage, donner du temps pour la lecture, refaire des dictées, ce sont des mesures plus profitables. Au lieu d'interdire des comportements problématiques, il vaut mieux promouvoir les comportements avantageux.
Je me souviens (c'est pas un gag) qu'un ami et moi avions demandé au prof qu'il nous refasse quelques dictées, dans la mesure où tout le monde jugeait notre orthographe insuffisante, mais personne ne nous y entrainait. Le prof, pourtant plutôt de la vieille école, l'a fait une fois ou deux, mais pas plus... On passait notre temps à analyser des oeuvres littéraires et à apprendre "la complainte de Ruteboeuf". Prof très sympa, il nous donnait l'envie de comprendre les textes, de les analyser etc.
Mais, dommage que l'on encourage pas les jeunes à lire un truc qui leur conviennent, qu'ils aiment, à le comprendre, en rendre compte de façon claire, concise et précise, quitte à leur laisser le susucre d'exposer leur opinion, leur sentiment, de façon argumentée, bien sûr. L'école se fiche bien trop des goûts des élèves en matière de lecture, si bien que la littérature qu'on leur fait lire ne les intéresse pas... Pourtant, la lecture aide énormément pour l'orthographe et pleins d'autres choses... même Stephen King, même le "Seigneur des Anneaux" Tous ces bouquins qu'on nous a présentés comme de la "grande littérature", on nous les a imposé... "Les confessions de Rousseau", "Madame Bovary". Il y a eu "Le voyage au boût de la nuit" pour rattraper le tout, encore heureux... C'est comme si la littérature s'arrêtait à des problèmes de style, d'importance historique dans l'évolution du style etc. Le contenu est trop souvent passé sous silence;
savoir lire, apprécier, aussi;
savoir exprimer ce qu'on ressent aussi (et ce n'est de la "dérive émotionnelle", juste une histoire d'éviter trop d'alexithymie, ce qui est inestimable!).
Pourquoi ne sensibilise-t-on pas les élèves à vivre ce qu'ils lisent? Pourquoi n'utilise-t-on pas aussi leur goûts littéraire pour stimuler leur apprentissage?
Un excellent exemple, c'est bien la littérature fantastique: elle n'est pas enseignée. A voir les profs, on se demandait si la littérature comme "Le Seigneur des Anneaux" ou autres trucs fantastiques ou s-f n'étaient pas de la sous-littérature. Pis quoi encore? De l'Entartete Kunst???
Bien que stylistiquement peu intéressant (puisque souvent traduite), tout le courant fantastique ou les oeuvres de science-fiction n'en sont pas pour autant dénuées de valeur. Et les essais? Et les bouquins scientifiques? C'est aussi de la langue française?
Je vomis cet espèce d'élitisme littéraire. Il n'est que le produit de normes actuelles qui n'ont rien d'absolues... Voilà comment on met tout le monde dans le même moule...
Bref. Je sais pas vous, mais, pour nous, on ne nous a jamais demandé de prendre un livre qu'on lisait ou qu'on avait aimé lire et de le présenter en classe. Regrettable.
Désolé pour le coup de gueule.
Re: Réformer l'orthographe?
Pourquoi les changements décidés ne seraient pas naturels? Bref. Par "naturellement", je comprends que tu veux dire les changements induits par la pratique de la langue. Et c'est vrai que les décisions qui se prennent en haut n'en tiennent pas forcément compte.
Pas naturels car ce type veut imposer un changement radical et soudain, au lieu d'y aller progressivement au fil des décennies en suivant l'évolution naturelle de ce qui se passe...
Il vaut mieux que nos amis académiciens n'aillent pas contre certains changements "naturellement culturels". Lutter contre les anglicismes en les interdisant à l'école, ou contre le langage SMS, par exemple, ne me paraissent pas très intéressants (même si ça se justifie dans le cadre scolaire). Offrir des opportunité aux anglicismes, en étant plus inventif, accentuer l'apprentissage, donner du temps pour la lecture, refaire des dictées, ce sont des mesures plus profitables. Au lieu d'interdire des comportements problématiques, il vaut mieux promouvoir les comportements avantageux.
Reste à savoir si tout cela n'est pas lié!
)
Un excellent exemple, c'est bien la littérature fantastique: elle n'est pas enseignée. A voir les profs, on se demandait si la littérature comme "Le Seigneur des Anneaux" ou autres trucs fantastiques ou s-f n'étaient pas de la sous-littérature. Pis quoi encore? De l'Entartete Kunst???
Hum, ce que disait certains collègues d'Histoire-géo, mais je pense que ce n'est pas la femme de Necro qui va me contredire: les jeunes profs de français continuent la logique des grands classiques (et heureusement) mais s'orientent aussi vers des textes plus modernes, si tenté soit-il que l'on puisse parler de modernité avec Tolkien.
Baalberith- Princeps Romanorum
- Messages : 6025
Date d'inscription : 30/03/2004
Re: Réformer l'orthographe?
La politique actuelle de l'enseignement privilégie le fond à la forme. C'est une tendance que je ne trouve pas si idiote que ça.
Acquérir un bon niveau en orthographe est beaucoup plus rapide mais reste très fastidieux. Par contre, former un esprit, lui faire admettre des règles (autres qu'orthographiques bien sûr!!) de vie, lui apprendre à réfléchir pour lutter contre l'extrémisme par exemple, est la nouvelle mission de l'école. A partir du moment où l'école est obligatoire pour tous, on nivelle par le bas, ou alors on a des priorités. L'orthographe n'en est plus une, pour l'instant en tout cas.
Re: Réformer l'orthographe?
Pas naturels car ce type veut imposer un changement radical et soudain, au lieu d'y aller progressivement au fil des décennies en suivant l'évolution naturelle de ce qui se passe...
Je suis bien d'accord qu'il va beaucoup trop loin...
Hum, ce que disait certains collègues d'Histoire-géo, mais je pense que ce n'est pas la femme de Necro qui va me contredire: les jeunes profs de français continuent la logique des grands classiques (et heureusement)mais s'orientent aussi vers des textes plus modernes, si tenté soit-il que l'on puisse parler de modernité avec Tolkien.
C'est ce qu'il faut.
La politique actuelle de l'enseignement privilégie le fond à la forme. C'est une tendance que je ne trouve pas si idiote que ça.
Acquérir un bon niveau en orthographe est beaucoup plus rapide mais reste très fastidieux. Par contre, former un esprit, lui faire admettre des règles (autres qu'orthographiques bien sûr!!) de vie, lui apprendre à réfléchir pour lutter contre l'extrémisme par exemple, est la nouvelle mission de l'école.
Lutter contre l'extrémisme... Ouais, bon...
Il me semble que si l'école donne des outils critique, de réflexion, de compréhension, alors elle a déjà réussi le gros de sa mission. Je n'aime pas trop, après, le fait qu'il y ait de l'idéologie dans l'école. Mais bon, contre l'extrémisme, ça peut difficilement faire du mal. Il ne faut pas contre surtout pas endoctriner les élèves.
Mais, aucun état n'a jamais eu intérêt à avoir des citoyens trop instruits et trop critiques...
Je suis absolument d'accord à propos du primat du fond sur la forme, même si la forme ne doit pas le moins du monde être délaissée.
Re: Réformer l'orthographe?
Advodia a écrit:
Lutter contre l'extrémisme... Ouais, bon...
Il me semble que si l'école donne des outils critique, de réflexion, de compréhension, alors elle a déjà réussi le gros de sa mission. Je n'aime pas trop, après, le fait qu'il y ait de l'idéologie dans l'école. Mais bon, contre l'extrémisme, ça peut difficilement faire du mal. Il ne faut pas contre surtout pas endoctriner les élèves.
Mais, aucun état n'a jamais eu intérêt à avoir des citoyens trop instruits et trop critiques...
Je suis absolument d'accord à propos du primat du fond sur la forme, même si la forme ne doit pas le moins du monde être délaissée.
Il ne faut tout de même pas oublier que toutes les matières, à l'exception de la philosophie, ont plus ou moins un "contrat" passé avec l'Education Nationale. Et il est question dans ce contrat que les thèmes des matières, les façons de les aborder, les objectifs... sont de former un citoyen Français avant tout. Les professeurs membres du forum en parleront surement mieux, mais il est, me semble-t-il, évident que l'Etat français veuille lutter contre "l'extrémisme", ou pour parler plus justement et sans tendances, contre TOUT ce qui pourrait faire que des élèves apprennent des savoirs qui les amèneraient à vouloir se passer de l'Etat actuellement en place, ou même le changer radicalement. Il y a dans tout Etat une volonté conservatrice, sinon cet Etat n'a pas lieu d'exister, son principal but est de se perpétuer.
Pour revenir au sujet, je trouve cela extrêmement dommage cette volonté de "baisser" le niveau pour que "tout le monde" puisse être à égalité afin de s'exprimer. Avant de pouvoir s'exprimer, je pense qu'il est normal de le VOULOIR, et donc de s'en donner les moyens en travaillant une langue, quelle qu'elle soit.
Restless Bastard- Conscrit
- Messages : 17
Date d'inscription : 19/12/2008
Re: Réformer l'orthographe?
Pour le reste, la langue n'a pas à s'adapter au manque de travail d'une partie de la population. Il y a des tas de langues beaucoup plus complexes dans l'absolu que le français (chinois et japonais en particulier), on peut difficilement dire que ça prend tellement de temps aux gamins de ces pays là que ça se fait au détriment du reste. Je pense que ça traduit surtout le manque de travail des petits français, manque de travail qu'on retrouve dans les autres matières. L'Education Nationale de ces 30 dernières années a une grande responsabilité dans tout ça.
Quand à la règle de la tolérance, ça me fait sourire. Je vois déjà les écoles publiques l'appliquer et les écoles privées apprendre le français old school. Au moins ce sera pratique pour savoir qui recruter en lisant les CVs et lettres de motivation.
Re: Réformer l'orthographe?
Hoover a écrit: L'Education Nationale de ces 30 dernières années a une grande responsabilité dans tout ça.
L'Educ Nat, c'est l'Etat.
Re: Réformer l'orthographe?
Les professeurs membres du forum en parleront surement mieux, mais il est, me semble-t-il, évident que l'Etat français veuille lutter contre "l'extrémisme", ou pour parler plus justement et sans tendances,contre TOUT ce qui pourrait faire que des élèves apprennent des savoirs qui les amèneraient à vouloir se passer de l'Etat actuellement en place, ou même le changer radicalement. Il y a dans tout Etat une volonté conservatrice, sinon cet Etat n'a pas lieu d'exister, son principal but est de se perpétuer.
Pour le meilleur et pour le pire... Ouais, je ne savais pas ça. Je suis naïf. C'est "pire" que je pensais niveau "endoctrinement".
Pour revenir au sujet, je trouve cela extrêmement dommage cette volonté de "baisser" le niveau pour que "tout le monde" puisse être à égalité afin de s'exprimer. Avant de pouvoir s'exprimer, je pense qu'il est normal de le VOULOIR, et donc de s'en donner les moyens en travaillant une langue, quelle qu'elle soit.
Tu parles d'être à égalité pour s'exprimer. C'est intéressant. Il me semble que si on veut être à égalité, il faudrait justement hausser le niveau, sur tous les plans, et démolir ce fossé entre la classe dirigeante et la plèbe. Même si on n'atteindra jamais un tel état idéal, un meilleur équilibre serait au moins souhaitable.
La dictature du médiocre prépare celle du despote?!
Mais, quand tu dis "vouloir", cela suppose qu'on a été sensibilisé et éduqué de façon à valoriser la langue, l'expression, voire la culture. Ce n'est pas le fait de tout le monde. Je pense que l'école y contribue quand même assez largement, même si ce sont les valeurs parentales (et familiales) qui sont les plus influentes à ce niveau.
Quand à la règle de la tolérance, ça me fait sourire. Je vois déjà les écoles publiques l'appliquer et les écoles privées apprendre le français old school. Au moins ce sera pratique pour savoir qui recruter en lisant les CVs et lettres de motivation.
Cela me fait penser, ce que tu dis, que le savoir/connaissance/culture a parfois autant de responsabilité dans une relative égalité des chances entre classes sociales que dans une stratification des gens selon leur niveau social...
Re: Réformer l'orthographe?
Funky Globe a écrit:Hoover a écrit: L'Education Nationale de ces 30 dernières années a une grande responsabilité dans tout ça.
L'Educ Nat, c'est l'Etat.
L'Education Nationale sera l'Etat le jour où l'Etat arrivera à mener une réforme de l'Education Nationale. D'ici là ce n'est rien. Un grand bordel auto-géré "pour le bien de tous".
Re: Réformer l'orthographe?
Advodia a écrit:Cela me fait penser, ce que tu dis, que le savoir/connaissance/culture a parfois autant de responsabilité dans une relative égalité des chances entre classes sociales que dans une stratification des gens selon leur niveau social...
Je ne suis pas certain de comprendre ce que tu veux dire, mais je peux développer mon point de vue.
J'ai toujours été viscéralement en faveur de l'égalité des chances. C'est une des rares valeurs que j'aurais pu partager avec la gauche, si celle ci ne l'avait pas reniée depuis des années.
A une époque, l'Education Nationale façon troisième république était une voie dure, tournée vers l'excellence, mais qui avait le mérite d'être égalitaire. Un enfant d'ouvrier intelligent pouvait aller loin dans la vie.
Actuellement que se passe-t-il? L'enseignement dispensé dans la plupart des écoles publiques est ridiculement bas. On s'aligne sur les plus mauvais, ceux qui ne savent pas lire à 10 ans et qui freinent toute la classe. Voyant ça, tous les parents aisés (dont beaucoup de bonnes consciences de gauche) mettent leurs gamins dans des écoles privées, où le niveau est bien souvent meilleur. Ca renforce la ghettoïsation de l'école publique, déjà amorcée pour des problèmes ethniques (là encore, beaucoup de bonnes consciences de gauche participent à ça tout en manifestant le week-end pour faire barrage au Front National).
Ca va donner quoi tout ça? Les gamins intelligents de l'école publique vont se vautrer. Ils vont faire des bacs pro alors qu'ils auraient eu les capacités de faire des études supérieures. Leur place sera prise par des fils et des filles à papa pas forcément très rusés mais de parents friqués. Merci l'Education Nationale et le nivellement par le bas.
Y a pas de mystère, plus tu nivelles l'enseignement destiné à la masse par le bas (limitation de l'enseignement des matières fondamentales pour ne pas brusquer ces pauvres petits, limitation des examens jugés trop traumatisants, bac donné à tout le monde et entrée à la fac pour tous donc dévaluation de la valeur des diplômes...), plus tu créées des inégalités par l'argent, tout en tenant en plus un discours inverse. Faut-il rappeler qu'on retrouve moins d'enfants d'ouvriers en classes préparatoires qu'il y a 50 ans?
Au fond ça me gène énormément que ce soit la droite qui tienne ce genre de discours. Où est la gauche? Y a bien quelques vieux enseignants de gauche qui partagent ce point de vue, mais on les fait passer pour des réacs et ils sont condamnés à prêcher dans le désert, tout en étant sacqués par la police politique (pardon, l'inspection). Je me demande comment ces quelques héros anonymes font pour ne pas gerber à la gueule de leurs collègues.
Re: Réformer l'orthographe?
Je ne suis pas certain de comprendre ce que tu veux dire, mais je peux développer mon point de vue.
Pour le dire plus clairement, le savoir, la connaissance, la culture sont à double tranchants: selon la façon dont ils sont (ou pas) transmis, ils peuvent autant favoriser l'égalités des chances entre classes aux chances et moyens inégaux que de favoriser voire renforcer l'inégalité.
C'est exactement ce que tu disais pour les écoles privées versus les écoles publiques... Deux utilisations différentes de la connaissance...
J'ai toujours été viscéralement en faveur de l'égalité des chances. C'est une des rares valeurs que j'aurais pu partager avec la gauche, si celle ci ne l'avait pas reniée depuis des années.
Idem pour ma part.
A une époque, l'Education Nationale façon troisième république était une voie dure, tournée vers l'excellence, mais qui avait le mérite d'être égalitaire. Un enfant d'ouvrier intelligent pouvait aller loin dans la vie.
C'est vrai que quand, à la victimophilie, la pitié et commisération envers les minorités se joint la "médiocratie", le règne du médiocre, alors on a un nivellement par le bas...
Il y a donc eu une Education Nationale qui a pu combiner les deux durant une époque... C'est plutôt encourageant. Cela devrait pouvoir de novueau être mis en pratique, même si l'évolution ne semble pas aller dans ce sens. (Darcos est un fan des écoles privées, si j'ai bien compris...)
[...] Y a pas de mystère, plus tu nivelles l'enseignement destiné à la masse par le bas (limitation de l'enseignement des matières fondamentales pour ne pas brusquer ces pauvres petits, limitation des examens jugés trop traumatisants, bac donné à tout le monde et entrée à la fac pour tous donc dévaluation de la valeur des diplômes...), plus tu créées des inégalités par l'argent, tout en tenant en plus un discours inverse. Faut-il rappeler qu'on retrouve moins d'enfants d'ouvriers en classes préparatoires qu'il y a 50 ans?
Oui, analyse très intéressante avec des liens clairs avec la politique.
Je ne connais pas tout de la France, mais les étudiants que je connais m'ont dit que le bac ne valait plus rien et que bientôt tout le monde en avait un...
Au fond ça me gène énormément que ce soit la droite qui tienne ce genre de discours. Où est la gauche? Y a bien quelques vieux enseignants de gauche qui partagent ce point de vue, mais on les fait passer pour des réacs et ils sont condamnés à prêcher dans le désert, tout en étant sacqués par la police politique (pardon, l'inspection). Je me demande comment ces quelques héros anonymes font pour ne pas gerber à la gueule de leurs collègues.
Ouais. La gauche se rendrait utile en prônant ça. Mais, on dirait qu'elle se fiche de ces combats-là.
Tout cela ne m'étonne guère de la droite, ou du moins d'une certaine droite: le but de ces gens n'est pas que les éléments les plus compétents de la société puissent développer leur compétences et en faire profiter la collectivité. Ce qui compte c'est surtout le maintien en place d'une élite, qu'elle soit compétente ou pas. Alors que beaucoup de fils et filles à papa ne sont pas meilleurs que les autres comme tu le disais, ceux qui sont plus doués, plus travailleurs n'ont parfois pas les mêmes chances, du simple fait de ne pas être né le cul bordé de nouilles et la cuillère en argent dans la bouche. On voit ça partout, même ici.
On force la reproduction sociale (les descendants des classes supérieures restent à ce niveau, quoi qu'ils fassent) avec ce système et on bloque la mobilité verticale ascensionnelle, entre classes sociales... En plus d'être injuste, c'est néfaste pour la société.
Ajoutons-y l'arnaque méritocratique et la boucle est bouclée.
Par arnaque, je ne me fais en aucun cas le supporter d'un état qui subventionnerait les "paresseux". Le problème c'est que l'idéologie méritocratique présente le même avantage que d'autres systèmes de justification du monde, de théorie du "monde juste". Une fois que ce postulat est posé que le monde est juste, c'est le statu quo: on ne peut pas critiquer l'autorité établie, car elle est juste.
En gros, ceux qui sont pauvres, c'est de leur faute;
ceux qui sont riches, c'est grâce à eux. Il est évident que ce discours n'est pas dénué de vérité dans le sens où il y a bien des gens qui ne foutent rien et qui donc ne bénéficient pas des mêmes avantages que les autres. C'est normal que de rétribuer proportionnellement aux efforts, au travail, aux compétences. Indiscutable. Mais, le problème est plus l'inégalité des chances, favorisée, justifiée par une "théorie du monde juste".
Par là, l'état et la société, le système, se désengage de toute responsabilité qu'il aurait là dedans. (Encore une fois, l'état n'est pas toujours responsable: les gens choisissent aussi, et ils doivent assumer leur choix.) Il n'admet pas ses ratés, le fait qu'il puisse générer, volontairement ou pas, des inégalités. Or, si l'état n'est pas là pour être une communauté d'intérêts équitable, profitable, juste et fondé sur une réciprocité, à quoi sert-il? Seulement le plaisir de l'identité et d'un drapeau? Non. Si l'état ne remplit plus ses obligations pratiques, s'il n'est plus utile que pour percevoir des impôts et graisser la patte d'une administration de plus en plus lourde, tout cela pour sa propre reproduction, il ne sert plus à rien. D'où, cela risque d'affaiblir son identité, qui est
En fin de compte, un état affaiblit, c'est un ensemble de gens qui vivent ensemble sans plus voir leurs intérêts communs. Et c'est ça n'aide pas à améliorer voire conserver des conditions de vie favorables. Viennent après les tentations de soigner tout ça par une bonne dose d'identitaire, un renforcement du système étatique en place, sans réforme;
et l'extrême inverse qui est sa dissolution dans des entités plus grosses et en fait bien plus éloignées des intérêts et des préoccupations des gens telle que l'Union Européenne telle qu'elle est en train de se construire...
Bref, tampis si je me fais lyncher. :mrgreen:
Re: Réformer l'orthographe?
Advodia a écrit:Tout cela ne m'étonne guère de la droite, ou du moins d'une certaine droite: le but de ces gens n'est pas que les éléments les plus compétents de la société puissent développer leur compétences et en faire profiter la collectivité. Ce qui compte c'est surtout le maintien en place d'une élite, qu'elle soit compétente ou pas. Alors que beaucoup de fils et filles à papa ne sont pas meilleurs que les autres comme tu le disais, ceux qui sont plus doués, plus travailleurs n'ont parfois pas les mêmes chances, du simple fait de ne pas être né le cul bordé de nouilles et la cuillère en argent dans la bouche. On voit ça partout, même ici.
On force la reproduction sociale (les descendants des classes supérieures restent à ce niveau, quoi qu'ils fassent) avec ce système et on bloque la mobilité verticale ascensionnelle, entre classes sociales... En plus d'être injuste, c'est néfaste pour la société.
Tu as raison de dire "d'une certaine droite". Pour moi la droite classique à la française est dans ce schéma, contrairement à la droite libérale qui est plutôt favorable à des discriminations justes (Sarkozy ayant joué habilement sur les deux pendant sa campagne même s'il est fondamentalement un membre de la droite classique). Quand je dis "droite libérale", c'est à nuancer, je ne considère pas le libéralisme comme quelque chose de fondamentalement de droite. Les libéraux sont notamment favorables à une augmentation de l'impôt sur les successions, qui est un impôt qu'on peut qualifier de juste.
Advodia a écrit:Ajoutons-y l'arnaque méritocratique et la boucle est bouclée.
Par arnaque, je ne me fais en aucun cas le supporter d'un état qui subventionnerait les "paresseux". Le problème c'est que l'idéologie méritocratique présente le même avantage que d'autres systèmes de justification du monde, de théorie du "monde juste". Une fois que ce postulat est posé que le monde est juste, c'est le statu quo: on ne peut pas critiquer l'autorité établie, car elle est juste."La pauvreté est juste, le chomage est juste. Vous ne gagnez pas assez? C'est que vous ne travaillez pas assez! La France est en perte de vitesse? C'est parce que ces habitants ne travaillent plus assez. C'est jamais la faute du pouvoir, c'est de la faute aux gens. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, il n'y a pas d'inégalités, tout est mérité."
En gros, ceux qui sont pauvres, c'est de leur faute;
ceux qui sont riches, c'est grâce à eux. Il est évident que ce discours n'est pas dénué de vérité dans le sens où il y a bien des gens qui ne foutent rien et qui donc ne bénéficient pas des mêmes avantages que les autres. C'est normal que de rétribuer proportionnellement aux efforts, au travail, aux compétences. Indiscutable. Mais, le problème est plus l'inégalité des chances, favorisée, justifiée par une "théorie du monde juste".
Exactement. Un monde où on force l'égalité dans les faits ne marche pas, l'expérience communiste l'a bien montré: sans inégalités, personne ne fait rien et rien ne marche plus. A partir du moment où on considère les inégalités comme nécessaires, il faut a minima les assoir sur un socle moral minimal. C'est ce que je regroupe derrière cette idée d'égalité des chances. Il faut qu'à compétences égales, un fils d'ouvrier ait autant de chances de réussir Polytechnique qu'un fils de polytechnicien. Sans ça le système n'est plus vertueux. Il est en outre sous-optimal économiquement.
En France, la droite est en général soucieuse de préserver les inégalités existantes. Une école publique forte est donc quelque chose qui lui déplait. En théorie, la gauche devrait justement se positionner sur cet axe "égalité des chances". En pratique elle en est loin. Une partie de la gauche continue à se battre pour l'égalitarisme, n'ayant pas compris les résultats de l'expérience communiste. L'autre vise simplement à satisfaire les enseignants, qui constituent traditionnellement une bonne partir de son électorat. Au final, toutes ces gauches vont dans le sens d'une baisse du niveau de l'école publique. La droite a alors beau jeu de dire que l'école publique se délite, qu'on met trop de moyens pour peu de résultats, qu'il faut virer des profs. Ca ne fera que baisser encore le niveau, avec un effet cercle vicieux. Si rien de change à gauche, l'école publique est condamnée.
Pour le dire autrement, j'ai l'impression que la droite à intérêt à tuer l'école publique, mais que c'est la gauche qui va la tuer. Et que tous ceux qui pensent qu'elle a un grand rôle à jouer, les libéraux notamment, ne sont simplement pas représentés dans ce débat, à droite comme à gauche.
Re: Réformer l'orthographe?
Je me souviens (c'est pas un gag) qu'un ami et moi avions demandé au prof qu'il nous refasse quelques dictées, dans la mesure où tout le monde jugeait notre orthographe insuffisante, mais personne ne nous y entrainait. Le prof, pourtant plutôt de la vieille école, l'a fait une fois ou deux, mais pas plus... On passait notre temps à analyser des oeuvres littéraires et à apprendre "la complainte de Ruteboeuf". Prof très sympa, il nous donnait l'envie de comprendre les textes, de les analyser etc.
Mais, dommage que l'on encourage pas les jeunes à lire un truc qui leur conviennent, qu'ils aiment, à le comprendre, en rendre compte de façon claire, concise et précise, quitte à leur laisser le susucre d'exposer leur opinion, leur sentiment, de façon argumentée, bien sûr. L'école se fiche bien trop des goûts des élèves en matière de lecture, si bien que la littérature qu'on leur fait lire ne les intéresse pas... Pourtant, la lecture aide énormément pour l'orthographe et pleins d'autres choses... même Stephen King, même le "Seigneur des Anneaux" Tous ces bouquins qu'on nous a présentés comme de la "grande littérature", on nous les a imposé... "Les confessions de Rousseau", "Madame Bovary". Il y a eu "Le voyage au boût de la nuit" pour rattraper le tout, encore heureux... C'est comme si la littérature s'arrêtait à des problèmes de style, d'importance historique dans l'évolution du style etc. Le contenu est trop souvent passé sous silence;
savoir lire, apprécier, aussi;
savoir exprimer ce qu'on ressent aussi (et ce n'est de la "dérive émotionnelle", juste une histoire d'éviter trop d'alexithymie, ce qui est inestimable!).
Pourquoi ne sensibilise-t-on pas les élèves à vivre ce qu'ils lisent? Pourquoi n'utilise-t-on pas aussi leur goûts littéraire pour stimuler leur apprentissage?
Il ne faut quand même pas oublier qu'en cours de littérature
Un excellent exemple, c'est bien la littérature fantastique: elle n'est pas enseignée. A voir les profs, on se demandait si la littérature comme "Le Seigneur des Anneaux" ou autres trucs fantastiques ou s-f n'étaient pas de la sous-littérature. Pis quoi encore? De l'Entartete Kunst???
Bien que stylistiquement peu intéressant (puisque souvent traduite), tout le courant fantastique ou les oeuvres de science-fiction n'en sont pas pour autant dénuées de valeur. Et les essais? Et les bouquins scientifiques? C'est aussi de la langue française?
Je vomis cet espèce d'élitisme littéraire. Il n'est que le produit de normes actuelles qui n'ont rien d'absolues... Voilà comment on met tout le monde dans le même moule...
Bref. Je sais pas vous, mais, pour nous, on ne nous a jamais demandé de prendre un livre qu'on lisait ou qu'on avait aimé lire et de le présenter en classe. Regrettable.
Désolé pour le coup de gueule.
Bah pour ce que j'en sais des auteurs comme Pierre Bordage sont dans les programmes du collège. Je me souviens d'y avoir étudié une nouvelle de Claude Seignolle.
)
Corb- Centurion primipile
- Messages : 842
Date d'inscription : 30/08/2006
Re: Réformer l'orthographe?
Il ne faut quand même pas oublier qu'en cours de littérature française, on est censé étudier la littérature française. Donc Tolkien et cie ça le fait moyen. Il y a eu gros scandale l'an dernier quand on a mis Lampedusa et Shakespeare au programme de terminale, et avec tout le respect que j'ai pour ces deux auteurs (le premier m'a quand même rapporté 16 au bac :mrgreen: ) c'est vrai qu'ils étaient des intrus dans le cours. On ne peut pas honnêtement analyser un texte traduit de la même manière qu'un texte original. Sinon il y a la littérature comparée, mais c'est un autre domaine puisque c'est à l'université.
Ouais... Je comprends. Bon argument!
Mais, on parlait de lire d'autres bouquins dans le cours de littérature et de laisser les gens exprimer ce qu'ils aiment, ce qui les intéresse.
L'idée était de profiter de l'intérêt de élèves/étudiants pour certains genres, certains types de littérature, pour les faire lire, pour aiguillonner leur intérêt (et pourquoi vers des auteurs de la littérature française elle-même, méconnus et préjugés mineurs?) et, en fin de compte, pour accroître leur culture, améliorer leur orthographe et développer leur sens critique.
En aucun cas il y a l'idée de laisser tomber l'enseignement de la littérature française. Mais bon. Il ne faut pas non plus limiter la culture écrite à la littérature française et aux auteurs "majeurs"...
Le truc c'est que les cours de littérature, chez nous, ça ne passionnait pas grand monde... C'était l'heure de la sieste... C'est peut-être du au fait qu'il y a beaucoup d'ouvrages imposés, que le prof déblatère bien souvent des lieux communs, des analyses issues des bouquins habituels, des historiens de la littérature habituels etc.
Pourquoi ne pas plus vivre les textes? Où est l'intérêt, sinon?
Or, avec des textes imposés et une ligne interprétative fixée a priori, ça ne peut faire réfléchir qu'à condition d'une grande motivation et de l'acceptation d'un carcan... Aucune prise de risque, aucune créativité lorsqu'il faut surtout prêter attention à ce que veut le prof, à ce qu'il est convenable de dire pour avoir sa bonne note.
Bah pour ce que j'en sais des auteurs comme Pierre Bordage sont dans les programmes du collège. Je me souviens d'y avoir étudié une nouvelle de Claude Seignolle. Le Horla de Maupassant est aussi un classique fréquemment proposé aux élèves. Baudelaire, qui est quand même incontournable, a des accointances avec les littératures de l'imaginaire. Même des jeunes auteurs comme le toulousain Sire Cédric peuvent être mis à l'honneur : son recueil Dreamworld est proposé dans plusieurs lycées. Les exemples ne manquent pas...Je ne sais pas d'où te vient cette idée que fantastique/la sf/etc sont bannis des établissements...Peut-être as-tu juste eu des profs vraiment old-school; .
)
Seignolle ça m'aurait sûrement plu. :mrgreen: Du Maupassant et du Baudelaire, bien sûr, on en a eu. J'ai pas détesté, mais bon, ce n'est pas le grand amour non plus.
Pour être clair, je n'ai jamais été un grand fan de roman. J'ai lu pas mal de Jules Vernes avant 13 ans, puis, vers 13-14-15 ans, de la science-fiction (plutôt que du fantastique;
Isaac Asimov, Ray Bradbury, "La trilogie des tripodes", C.J Cherryh: "La Porte d'Ivrel", "Les Feux d'Azeroth", "Le Puit de Shiuhan", excellents). Par contre, j'ai toujours plus accroché sur des bouquins qui ne sont pas des romans: des trucs documentaires, historiques voire scientifiques, plutôt vulgarisés (j'ai différentes périodes: volcanologie, avions, biologie, astronomie, paranormal, plus tard ésotérisme, psychologie etc.).
On me dira que pour le style, c'est pas terrible voir sans valeur: justement, il n'y a pas que le style dans la littérature. Et le fond? Que fait-on du fond??? C'est comme si on étudiait les auteurs qui avaient le meilleurs style et qu'on se fichait du fond... Mais, la finalité, c'est le fond, ce n'est pas la forme. Si on ne fait que de la forme, à ce moment-là, on peut faire de la <
<
"poésie bruitiste">
>
, dépourvue de sens, focalisée sur les sons, la musicalité ou que sais-je...
Pour moi, on ne devrait pas s'intéresser qu'à la littérature en cours de français: réapprendre à lire. On est dans une société de l'information, cela implique qu'il faut comprendre des textes de différents registres et pas seulement du roman ou du recueil de poésie. Je pense qu'il faudrait sensibiliser les élèves, par exemple, à la façon d'écrire et de transmettre l'information dans les journaux. Ce n'est pas forcément le style, ici, qui importe. Mais, toute la rhétorique, les différentes façon d'argumenter, de transmettre l'information etc.
Et les ouvrages purement documentaires, scientifiques? Ne comptent-ils pas? Évidemment, ce serait pas forcément logique de les enseigner en cours de français. Mais, éduquer à savoir lire, à trouver l'information (bibliothèque, référence), à la comprendre, à la traiter, à la critiquer, ce serait de bons exercices ponctuels (sans que cela ait besoin de faire l'objet d'un cours annuel).
Cette dimension de l'information est complètement occultée dans l'enseignement. Comment former donc autre chose qu'une masse de gens qui assimilent l'information et la gobe sans esprit critique et se retrouve complètement façonnée par elle?
Ceci dit, pour revenir à la littérature, je ne suis pas une exception: comment comprendre que des classes entières pionçaient et pioncent encore dans le cours de français (littérature)? Au risque de tomber dans l'individualisme, le subjectivisme, je pense qu'il faudrait laisser plus de place et réclamer que les élèves expriment leur opinion. Par exemple, oralement, sur un livre, un passage, ou d'autres trucs, de leur choix, c'est plus motivant peut-être. L'opinion, évidemment, ça ne permet pas tellement de fournir une analyse de qualité, au sens de l'histoire littéraire et de ses canevas. Mais, si on pouvait se servir des intérêts et motivations des élèves/étudiants, pour les pousser à remettre en question leur façon de comprendre, d'analyser, de lire, on leur en apprendrait sûrement quelque chose. L'idée d'éduquer à réfléchir, de partir de ses opinions, ressenti, préjugés, puis de les corriger, avec l'histoire littéraire etc., me plaît mieux que celle d'absorber des idées toutes faites et de les recracher dans son commentaire de texte.
Sinon, je ne conteste pas l'intérêt de la littérature. Elle porte certains thèmes, idées, intéressants. Le style peut aussi être attrayant, à condition de s'y ouvrir et de ne pas lire mécaniquement.
Mais bon, la littérature, bien qu'importante, reste une partie de la culture écrite. Pensons à l'histoire, la politique, la religion, les sciences humaines et naturelles, les maths, la logique etc. Il y a différentes façons de lire, de comprendre et analyser les informations... On devrait y être plus sensibilisé.
Il m'a toujours semblé que le commentaire de texte ou plutôt le simple exercice qui consiste à poser des questions aux élèves/étudiants sur ce qu'ils ont lu, pour bien savoir s'ils ont compris, est déjà très important. Se contenter de le faire sur la littérature, et en plus, sur le style, je trouve ça, certes pas inutile, mais insuffisant, réducteur.
Pour la littérature, il y a aussi ces dimensions de sentir, ressentir, comprendre ce qu'on ressent, prendre conscience que c'est différent de la théorie qu'on élabore pour comprendre le texte, et aussi différent des interprétations plus poussées...
Bref, énormément de gens ont simplement de la peine à (s')exprimer. C'est tout bête mais ce déficit retenti sur tout ultérieurement. Donc, comme l'ont dit certains, il faut redonner plus d'importance au fond et se calmer un peu avec la forme... Que la forme soit un prétexte au fond, pas une finalité.
N'étant pas prof de français, je me doute bien que ce n'est pas forcément facile à faire, voire que c'est peut-être irréaliste et ridicule. Il faut prendre ça comme une simple opinion, bien subjective, dont l'amertume résulte d'attentes déçues quant à la littérature telle que présentée lors de la cure de sommeil nommée "cours de français".
Re: Réformer l'orthographe?
Et le fond? Que fait-on du fond??? C'est comme si on étudiait les auteurs qui avaient le meilleurs style et qu'on se fichait du fond... Mais, la finalité, c'est le fond, ce n'est pas la forme. Si on ne fait que de la forme, à ce moment-là, on peut faire de la <
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"poésie bruitiste">
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, dépourvue de sens, focalisée sur les sons, la musicalité ou que sais-je...
Tu as vraiment du avoir de mauvais profs...Ou alors c'est l'enseignement du français dans les sections scientifiques (je suppose peut-être à tort que tu viens de là ?) qui est limite.
Ma prof de français nous parlait justement ce matin du fait que dans le secondaire on focalise le cours sur l'analyse méthodique (recherche des figures de style, des champs lexicaux...), qui -avouons le- n'est pas ce qu'il y a de plus bandant , parce que la plupart des élèves ne manifeste que peu d'intérêt "émotionnel" face aux textes. Evidemment ça ne forme pas des amateurs de littérature ça...
Pour moi, on ne devrait pas s'intéresser qu'à la littérature en cours de français: réapprendre à lire. On est dans une société de l'information, cela implique qu'il faut comprendre des textes de différents registres et pas seulement du roman ou du recueil de poésie. Je pense qu'il faudrait sensibiliser les élèves, par exemple, à la façon d'écrire et de transmettre l'information dans les journaux. Ce n'est pas forcément le style, ici, qui importe. Mais, toute la rhétorique, les différentes façon d'argumenter, de transmettre l'information etc.
Il me semble que c'est ce qui s'apprend dans les sections ES, options Sciences Po et autres...Pour ce qui est "d'apprendre à lire", c'est aussi quelque chose qui peut se faire seul, et même j'oserai dire que ça ne s'apprend pas.
Et les ouvrages purement documentaires, scientifiques? Ne comptent-ils pas? Évidemment, ce serait pas forcément logique de les enseigner en cours de français. Mais, éduquer à savoir lire, à trouver l'information (bibliothèque, référence), à la comprendre, à la traiter, à la critiquer, ce serait de bons exercices ponctuels (sans que cela ait besoin de faire l'objet d'un cours annuel).
Tiens en prépa mon prof de philo nous fait lire de l'épistémologie : Bachelard, Popper...Et je suis convaincu que ces lectures devraient être obligatoires dans les sections scientifiques ET littéraires. Il faut lutter contre cette division entre ceux qui seraient dans le concret et ceux qui penseraient sur du vide, division dont le but est de rendre les premiers dociles et les seconds inutiles...Et ce n'est pas le seul travail des professeurs de français.
Corb- Centurion primipile
- Messages : 842
Date d'inscription : 30/08/2006
Re: Réformer l'orthographe?
Ou alors c'est l'enseignement du français dans les sections scientifiques (je suppose peut-être à tort que tu viens de là ?) qui est limite.
Non... Section latin avec quelques options scientifiques, c'est vrai. Mais, le même enseignement que pour les autres sections sans options scientifiques. (Je suis Suisse si jamais, donc c'est pas le même système.)
Ma prof de français nous parlait justement ce matin du fait que dans le secondaire on focalise le cours sur l'analyse méthodique (recherche des figures de style, des champs lexicaux...), qui -avouons le- n'est pas ce qu'il y a de plus bandant , parce que la plupart des élèves ne manifeste que peu d'intérêt "émotionnel" face aux textes. Evidemment ça ne forme pas des amateurs de littérature ça...
Ouais, bon. Certains ne font pas d'effort pour s'intéresser. Mais c'est aussi au prof d'intéresser un peu. Sinon, les gens font le minimum, un peu comme des fonctionnaires: on vient, on prend des notes, on recrache ça à l'exa.
Il me semble que c'est ce qui s'apprend dans les sections ES, options Sciences Po et autres...Pour ce qui est "d'apprendre à lire", c'est aussi quelque chose qui peut se faire seul, et même j'oserai dire que ça ne s'apprend pas.
Disons que je parlais du niveau avant l'université. De toute façon, même à l'université, on met insuffisamment l'accent là-dessus.
Je ne sais pas si ça ne s'apprend pas... Je crois que ça s'entraîne...
Tiens en prépa mon prof de philo nous fait lire de l'épistémologie : Bachelard, Popper...Et je suis convaincu que ces lectures devraient être obligatoires dans les sections scientifiques ET littéraires. Il faut lutter contre cette division entre ceux qui seraient dans le concret et ceux qui penseraient sur du vide, division dont le but est de rendre les premiers dociles et les seconds inutiles...Et ce n'est pas le seul travail des professeurs de français.
On nous a parlé de Popper avant l'uni, et à l'uni on a un cours d'épistémologie spécifiquement pour la psychologie. Effectivement, c'est vraiment profitable d'avoir de la connaissance dans ce domaine.
Au niveau littéraire, cela vaudrait aussi la peine. Ce n'est pas parce que c'est une science humaine, axée sur le sens, le verstehen et non l'erklähren, qu'il n'y a pas de système de pensée, d'épistémologie derrière.
Quand j'entends certains jugements sur la littérature ou l'art, je me demande quels sont les présupposés, les systèmes de pensée qu'il y a derrière... Ces postulats, ces épistémologies sont trop rarement explicités. Ce qui fait que tous ces gens ont l'air très subjectifs, tout en ayant des affirmations qui semblent absolues, comme des "vérités".
Je vois difficilement comment éviter Popper si on veut parler correctement de science... Moins on parle de lui, plus on fabrique du scientisme.
Re: Réformer l'orthographe?
Disons que je parlais du niveau avant l'université.
Et moi aussi, je me base sur les informations de ma petite soeur qui est justement en terminale ES.
On nous a parlé de Popper avant l'uni, et à l'uni on a un cours d'épistémologie spécifiquement pour la psychologie. Effectivement, c'est vraiment profitable d'avoir de la connaissance dans ce domaine.
Au niveau littéraire, cela vaudrait aussi la peine. Ce n'est pas parce que c'est une science humaine, axée sur le sens, le verstehen et non l'erklähren, qu'il n'y a pas de système de pensée, d'épistémologie derrière.
Je me renseignerai, mais il me semble qu'en France dans les sections scientifiques on veut surtout former des savoirs "concrets" et qu'on laisse à la bonne volonté du prof de philo d'évoquer éventuellement les enjeux de la science etc...
(Evidemment notre débat est compliqué par les différences éducatives entre la Suisse et la France, m'enfin ça semble pas plus mal chez vous)
Quand j'entends certains jugements sur la littérature ou l'art, je me demande quels sont les présupposés, les systèmes de pensée qu'il y a derrière... Ces postulats, ces épistémologies sont trop rarement explicités. Ce qui fait que tous ces gens ont l'air très subjectifs, tout en ayant des affirmations qui semblent absolues, comme des "vérités".
Hum, je ne suis pas un expert (modeste étudiant à bac+1 hein
)
D'où bien sûr l'image du littéraire coupé du monde réel et dont les jugements n'ont que peu de valeur.
Section latin avec quelques options scientifiques, c'est vrai
L'équivalent de nos lettres classiques ?
Corb- Centurion primipile
- Messages : 842
Date d'inscription : 30/08/2006
Re: Réformer l'orthographe?
Sinon c'est sûr qu'il faut arrêter de séparer la Philo, des sciences. Par contre la littérature, selon moi, c'est de l'art. Le style est donc important le fond c'est secondaire mais important et un plus.
Sinon c'est claire qu'il faudra revoir complètement notre système d'éducation... Mais bon l'école est aussi un outil de l'état qui préfère des gens semi instruit et docile que de vrai penseurs qui peuvent remettre en cause le système.
Uhuh je suis pris de flème je continuerai plus tard.
Deugmartre- Légat de légion
- Messages : 2535
Date d'inscription : 28/06/2004
Re: Réformer l'orthographe?
Je me renseignerai, mais il me semble qu'en France dans les sections scientifiques on veut surtout former des savoirs "concrets" et qu'on laisse à la bonne volonté du prof de philo d'évoquer éventuellement les enjeux de la science etc...
Ouais... C'est marrant parce qu'on ne fait pas grand chose sans les sciences formelles (math, logique etc.) qui sont plutôt abstraites...
La philo de la science (épistémologie) c'est pourtant important... C'est la base de la pensée scientifique. Je ne vois pas comment faire mon mémoire si je ne sais pas ce que c'est que falsifier une hypothèse...
Hum, je ne suis pas un expert (modeste étudiant à bac+1 hein; ) mais il y a une recherche formelle et quasi-scientifique chez des théoriciens de la littérature comme Gérard Genette. "Quasi" parce qu'on ne peut pas prouver par a+b la supériorité d'un vers sur un autre, qu'on ne peut pas objectiver et universaliser un jugement. Mais si on ne fait pas comme si en disant tout haut "Untel, c'est de la merde !", il n'y a plus d'histoire de la littérature. Après tout on parle bien de science humaine et errare humanum est...
)
Oui. Disons que c'est conforme à ce qu'on peut attendre d'une recherche plutôt qualitative, voire herméneutique. On ne dégage pas du vrai et du faux dans l'absolu, mais du vrai et du faux eu égard à certains critères, certaines normes, un certain système de pensée, un paradigme. C'est exactement la même chose dans les "sciences dures", naturelles. L'avantage de celles-ci est qu'elles peuvent vérifier, mesurer, manipuler, tester, observer et répliquer tout cela. Mais au fond, même ces sciences dites dures sont sensibles aux modes, ont des paradigmes influencés par la culture, le milieu social, l'histoire et la politique... En gros, comme le dit Kuhn, la recherche est une construction sociale... Il n'y a qu'à prendre l'exemple de la physique actuellement.
Donc, oui, je suis d'accord tant qu'on reste dans une
Re: Réformer l'orthographe?
Advodia a écrit:Pour ce qui est "d'apprendre à lire", c'est aussi quelque chose qui peut se faire seul, et même j'oserai dire que ça ne s'apprend pas.
Je ne sais pas si ça ne s'apprend pas... Je crois que ça s'entraîne...
Sans rentrer dans votre débat plus général, juste sur ce point là, l'apprentissage de la lecture, je crois que malheureusement, on en demande trop à l'école, à l'éducation nationale.
Il me semble, mais peut-être puis-je me tromper, que ceux qui ont un rôle majeur dans l'apprentissage de la lecture, ce sont les parents, très principalement.
On aura beau te faire des cours de français intéressants, si ça ne suit pas à la maison, si tes parents ne te donnent pas le goût de la lecture, si tes parents te laissent te gaver de télévision, d'ordinateur et de jeux vidéos, le prof restera totalement impuissant.
Qu'est-ce que c'est 5 ou 6h de cours par semaine, alors que le môme, il passe des dizaines d'heures chez lui, sous le "contrôle" de ses parents ?
Bref, quelqu'un posait la question de l'éducation de ses enfants, dans un autre topic je crois : pour ma part, on n'a pas la télévision, et on ne l'aura jamais, et quand ma fille de trois ans veut s'occuper autrement qu'en jouant, c'est un livre qu'on lui lit, et maintenant, elle commence même à les "lire" toute seule, car elle les connaît pas coeur, et peut donc se passer de nous... elle les raconte à ses poupées, à ses peluches, et elle adore les livres, elle a sa petite bilbiothèque, on l'emmène régulièrement dans la bibliothèque de notre quartier pour qu'elle choisisse des livres, etc...
Ça paraît tout con, mais c'est comme ça que ça commence, dès le plus jeune âge, et toujours en essayant d'en faire quelque chose de ludique, de divertissant... ce n'est jamais une corvée de lire, ce n'est jamais une obligation de sortir un livre, ça devient un plaisir, un plaisir nécessaire, un plaisir dont on ne peut plus se passer.
Et pour revenir dans le sujet initial de l'orthographe, il n'y a pas de meilleur moyen de maîtriser l'orthographe que de lire, lire et lire encore...
Pourquoi les jeunes sont-ils si mauvais en orthographe actuellement ? Tout simplement parce qu'ils ne lisent plus...
Pour parler de mon expérience personnelle, je n'ai jamais eu la télévision, et le divertissement qui prévalait chez moi, était la lecture... Il n'y a pas de secret... Je maîtrise l'orthographe, et je n'ai pas besoin de réformes au rabais pour écrire correctement français... Tout simplement parce que l'on m'a donné le goût de la lecture...
Nepenthes- PostChrétien
- Messages : 4488
Date d'inscription : 20/02/2007
Re: Réformer l'orthographe?
Dans ma famille on a tous su lire de bonne heure et nous n'avons jamais,trop, eu de problèmes pour rédiger dans un français correcte...
En tout cas je fais tout pour sensibiliser mon fils aux livres !
Ktulu- PostChrétien
- Messages : 2028
Date d'inscription : 08/07/2008
Localisation : Point Nemo
Re: Réformer l'orthographe?
Ktulu a écrit:rédiger dans un français correcte...
Je n'ai pas pu m'en empêcher
Nepenthes- PostChrétien
- Messages : 4488
Date d'inscription : 20/02/2007
Re: Réformer l'orthographe?
De toute façon je me doutais bien que cela finirais comme ça...
Et encore craignant tes foudres légendaires je me suis empressé de corriger le
Ktulu- PostChrétien
- Messages : 2028
Date d'inscription : 08/07/2008
Localisation : Point Nemo
Re: Réformer l'orthographe?
Ktulu a écrit::-D
je me doutais bien que cela finiraiscomme ça...
Et encore craignant tes foudres légendaires je me suis empressé de corriger lefait:mrgreen:
En revanche, tu n'as pas corrigé ça :mrgreen:
Bon allez, j'arrête, c'est d'un chiant ces mecs qui passent leur temps à râler sur l'orthographe des autres
Nepenthes- PostChrétien
- Messages : 4488
Date d'inscription : 20/02/2007
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