Nature vs. Culture

[...]

Découverte de la culture chimpanzé



Depuis cette époque, l’observation quasi ininterrompue des colonies de chimpanzés sauvages et le développement spectaculaire de l’éthologie cognitive (l’étude du fonctionnement de l’esprit et des états mentaux des animaux) ont considérablement enrichi nos connaissances sur leur degré d’intelligence. Au point de remettre en cause tous les anciens critères qui traçaient une frontière étanche entre l’homme et l’animal. On a ainsi appris tour à tour que les chimpanzés sont capables de fabriquer et d’utiliser de multiples outils : des sondes-brindilles dans les termitières pour attraper et manger les termites, des pierres ou des gourdins pour casser les noix, des éponges en feuilles mâchées pour absorber l’eau contenue dans les crevasses, des perches pour franchir des obstacles, des lances pour chasser, des serviettes feuilles pour s’essuyer les fesses et de branchettes feuillues pour écarter les mouches, tout un attirail dont ils transmettent l’usage à leur descendance. Mais on a également découvert qu’ils partagent en partie avec nous la bipédie, chassent en groupe, défendent leur territoire par des rondes agressives, peuvent faire preuve d’empathie, d’altruisme, et connaissent la notion du bien et du mal. Ils sont, de plus, capables d’entraide, ou au contraire de fomenter, en de savantes coalitions, des putschs pour s’emparer du pouvoir. En captivité, certains d’entre eux peuvent même comprendre notre langue et assimiler les rudiments de l’ameslan, le langage des signes américain.



On est loin de Descartes et de sa théorie des animaux machines. Darwin déjà, avait proclamé qu’au fond il existait non seulement une continuité physiologique entre l’animal et l’homme, mais aussi intellectuelle, émotionnelle, et même morale. En 1872, il écrit : « La différence d’intelligence entre hommes et animaux les plus évolués, aussi grande soit-elle, est une différence de degré et non de nature. » Le père de la théorie de l’évolution affirmait que l’expression des émotions, la capacité de raisonner, de communiquer - de penser sans parole - jusqu’aux croyances commencent avant nous, au cœur du vivant...

[...]