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Le suicide

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Message par  Jeu 22 Déc 2005 - 0:56

Désolé, j'ai corrigé..
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Message par Deugmartre Jeu 22 Déc 2005 - 10:33

Bizarre ça...J'aurais pensé à l'automne;
c'est pourtant bien connu que c'est à ce moment là que les dépressions apparaissent ou s'accentuent ( à cause de la baisse de la luminosité ).




lorsque tu déprime ca dois être pire de voir que tout va bien autour de toi et le printemps à peut être cette effet, comme la télé.
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Message par DreamSquare Jeu 22 Déc 2005 - 10:54



Bizarre ça...J'aurais pensé à l'automne;
c'est pourtant bien connu que c'est à ce moment là que les dépressions apparaissent ou s'accentuent ( à cause de la baisse de la luminosité ).


C'est vrai que de vivre la plupart du temps grâce a des lumières non naturelles c'est assez déprimant... Mais je soutiens Deugmartre que l'été est extrémement déprimant lorsque tu es seul dans ton malheur alors qu'autour de toi n'est que bonheur... Mais bon au final si l'on se base la dessus il y a toujours une raison de déprimer...
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Message par  Jeu 22 Déc 2005 - 11:22

Deugmartre a écrit:
Bizarre ça...J'aurais pensé à l'automne;
c'est pourtant bien connu que c'est à ce moment là que les dépressions apparaissent ou s'accentuent ( à cause de la baisse de la luminosité ).




lorsque tu déprime ca dois être pire de voir que tout va bien autour de toi et le printemps à peut être cette effet, comme la télé.


Exactement. Selon les psychiatres, il serait plus difficile pour les malades de supporter leur dépression au printemps. C'est normalement une période de renouveau où tout s'illumine à nouveau, donc le dépressif culpabilise d'autant plus qu'il n'arrive à se sortir de sa pathologie.
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Message par  Jeu 22 Déc 2005 - 14:19

Et bien je ne dois pas être un vrai malade, car moi je me paye toujours un gros coup de blues à l'automne, depuis 3 ans...Pourtant je n'aime pas trop l'été ( trop chaud ). Avant j'étais content quand l'automne arrivait, ça me donnait le sourire;
depuis ça s'est inversé.
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Message par DreamSquare Jeu 22 Déc 2005 - 14:25



Et bien je ne dois pas être un vrai malade, car moi je me paye toujours un gros coup de blues à l'automne, depuis 3 ans...Pourtant je n'aime pas trop l'été ( trop chaud ). Avant j'étais content quand l'automne arrivait, ça me donnait le sourire;
depuis ça s'est inversé.


Moi aussi, je hais l'été au plus haut point ! Tous ces touristes, cette chaleure et ces cons qui se la pète... RHAAAA
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Message par  Ven 17 Mar 2006 - 0:55

« Elle était là, sous ton lit, la valise béante où tu ne pouvais finalement mettre qu’une chose, la plus précieuse qu’ait un homme : sa mort. Dieu merci : tu avais gardé le meilleur et tu n’en as pas été destitué. Sur ce point, tu as été vigilant et indéfectible : tu as gardé ta mort. Je suis bien heureux que tu te sois tué. Cela prouve que tu étais resté un homme et que tu savais bien que mourir c’est l’arme la plus forte qu’ait un homme.

(…)

Mourir, c’est ce que tu pouvais faire de plus beau, de plus fort, de plus.
»



Pierre Drieu la Rochelle, Adieu à Gonzague







A mettre en correspondance avec les inénarrables aphorismes de Cioran bien entendu :



- l’argumenté :



« On ne peut apporter à l’encontre du suicide que ce type d’argument : il n’est pas naturel de mettre fin à ses jours avant d’avoir montré jusqu’où l’on peut aller, jusqu’où l’on peut s’accomplir. Bien que les suicidés croient en leur précocité, ils consument un acte avant d’avoir atteint la maturité, avant d’être mûrs pour une destruction voulue. On comprend aisément qu’un homme souhaite en finir avec la vie. Mais que ne choisit-il pas le sommet, le moment le plus faste de sa croissance ? Les suicides sont horribles pour ce qu’ils ne sont pas faits à temps ;
ils interrompent un destin au lieu de le couronner. L’on doit cultiver sa fin. Pour les Anciens, le suicide était une pédagogie ;
la fin germait et fleurissait en eux. Et lorsqu’ils s’éteignaient de bon gré, la mort était une fin sans crépuscule.

Il manque aux modernes la culture intime du suicide, l’esthétique de la fin. Aucun ne meurt comme il faut et tous finissent au hasard : non initiés au suicide, pauvres bougres de la mort. S’ils savaient terminer à temps, nous n’aurions pas le cœur serré en apprenant tant d’ « actes désespérés », et nous n’appellerions pas « malheureux » un homme qui sanctifie son propre accomplissement. L’absence d’axe des modernes n’apparaît nulle part plus frappante que dans la distance intérieure qu’ils gardent par rapport au suicide soigné et réfléchi, qui signifie l’horreur du ratage, de l’abêtissement et de la vieillesse, et qui est un hommage à la force, à l’épanouissement et à l’héroïsme.
»



- le pragmatique :



« L’héroïsme, c’est de vouloir mourir, mais aussi de vivre lorsque chaque jour pèse plus qu’une éternité. Qui n’a pas souffert de l’insupportable de la vie n’a jamais vécu. »



- et pour finir, le sublime :



« La vie et moi : deux lignes parallèles qui se rencontrent dans la mort. »





Cioran, Le crépuscule des pensées.
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Message par Baalberith Ven 17 Mar 2006 - 18:44

On ne peut apporter à l’encontre du suicide que ce type d’argument : il n’est pas naturel de mettre fin à ses jours avant d’avoir montré jusqu’où l’on peut aller, jusqu’où l’on peut s’accomplir. Bien que les suicidés croient en leur précocité, ils consument un acte avant d’avoir atteint la maturité, avant d’être mûrs pour une destruction voulue. On comprend aisément qu’un homme souhaite en finir avec la vie. Mais que ne choisit-il pas le sommet, le moment le plus faste de sa croissance ? Les suicides sont horribles pour ce qu’ils ne sont pas faits à temps ;
ils interrompent un destin au lieu de le couronner. L’on doit cultiver sa fin. Pour les Anciens, le suicide était une pédagogie ;
la fin germait et fleurissait en eux. Et lorsqu’ils s’éteignaient de bon gré, la mort était une fin sans crépuscule.

Il manque aux modernes la culture intime du suicide, l’esthétique de la fin. Aucun ne meurt comme il faut et tous finissent au hasard : non initiés au suicide, pauvres bougres de la mort. S’ils savaient terminer à temps, nous n’aurions pas le cœur serré en apprenant tant d’ « actes désespérés », et nous n’appellerions pas « malheureux » un homme qui sanctifie son propre accomplissement.

Désolé, mais je trouve ce passage foncièrement ridicule: le suicide n'est pas un spectacle, mais le geste (malheureux?) d'une personne qui ne supporte plus sa propre personne, sa vie. Il ne s'agit pas d'une publicité ou de choisir un bon moment (comme si le suicide était prémédité?! en tout cas dans notre société moderne évidemment), mais d'un bien d'en finir, tout simplement... :?
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Message par  Sam 18 Mar 2006 - 0:14

bien d'en finir, tout simplement...

C'est exactement ça en fait, j'en sais quelque chose...

On passe à l'acte quand, en face de soi-même on passe de la révulsion quotidienne au désespoir le plus primaire. A ce moment-là, c'est toujours le "bon" moment car c'est à cet instant que la notion de bonheur/plaisir/espoir disparaît de façon absolue.
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Message par  Sam 18 Mar 2006 - 12:29

En même temps, le nombre de personne se suicidant dans leur vieillesse n'est pas négligeable. Cf. Mireille Jospin par exemple.
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Message par Necrowarrior Sam 18 Mar 2006 - 12:47

C'est en effet un phénomène qui semble prendre de l'ampleur.



http://w4-web143.nordnet.fr/images/graph_evolution2001.pdf
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Message par  Sam 18 Mar 2006 - 14:16

Baalberith a écrit:
, mais d'un bien d'en finir, tout simplement... :?


Ou bien peut-être que certains croient à une vie après? Ils croient qu'ils n'en finiront pas mais qu'ils commenceront une nouvelle vie?
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Message par  Sam 18 Mar 2006 - 17:49

Norman a écrit:
Baalberith a écrit:

Ou bien peut-être que certains croient à une vie après? Ils croient qu'ils n'en finiront pas mais qu'ils commenceront une nouvelle vie?


Sceptique...
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Message par  Mar 21 Mar 2006 - 0:49

Baalberith a écrit:
Désolé, mais je trouve ce passage foncièrement ridicule


C’est le contraire qui eût été surprenant.



Cioran n’est ni un théoricien, ni un doctrinaire : il n’assène pas des vérités révélées.

C’est un penseur qui met à la disposition des autres des outils pour penser, pour les aider à mener à bien leur propre réflexion.

Ce qui pour nous apparaît comme une évidence, une vérité – un homme qui se tue est un « malheureux » –, Cioran nous dit simplement que dans d’autres temps, dans d’autres lieux, ce n’était pas vrai.

Son objectif, en heurtant un peu nos représentations, est bien de nous faire prendre conscience du fait que notre propre système de valeurs est socialement construit, historiquement daté, de souligner son caractère relatif donc, de nous faire toucher du doigt la grille de lecture que nous utilisons en permanence, sans nécessairement nous en rendre compte, pour analyser le monde dans lequel nous vivons. Et d’en pointer par là-même les insuffisances…







« mais bien d’en finir, tout simplement… »



Ben non justement, ce n’est pas si évident que ça.

« En finir », oui.

Mais avec quoi ?



Si, assurément, on essaie toujours de se tuer pour « en finir », ce n’est pas nécessairement pour en finir avec la vie (structurel) mais souvent plutôt pour en finir avec une situation (conjoncturel) que l’on juge intolérable (ce qui ne signifie évidemment pas que les personnes qui tentent de se tuer ont la possibilité de le verbaliser de cette façon).

Tout particulièrement chez les jeunes, les TS sont sans doute bien plus souvent des appels à l’aide et le signe exacerbé d’un désir de changement que celui d’une volonté délibérée de mourir.



Cette distinction me semble fondamentale et on ne peut pas penser le suicide d’un vieillard ou d’un malade qui se sait incurable de la même manière que celui d’un ado bien portant : leur rapport à la vie et à la mort est foncièrement différent !!



Mais à cause de son refus viscéral et malsain de la mort, notre société est strictement incapable de penser un suicidé qui ne soit pas un « malheureux » : le fait que le suicide d’un octogénaire ou d’un malade puisse être un acte librement choisi, « soigné et réfléchi », l’aboutissement d’une réflexion sereine (sereine ne veut pas dire simple) ne rentre tout simplement dans aucune des cases de notre grille de lecture. Nos valeurs se révèlent totalement inopérantes. On ne peut pour ainsi dire pas s’empêcher de penser qu’une personne qui décide de mourir le fait parce qu’elle est malheureuse.



On s’en rend vraiment compte lors des pathétiques embryons de débats – dés le départ totalement biaisés – sur « l’euthanasie » et le « suicide assisté ».





Et je crois que c’est ici que Cioran peut nous aider : quand il nous fait remarquer (d’une manière un peu abrupte) que notre grille n’est pas la seule et unique possible, quand il nous fait part d’un temps où régnait des valeurs diamétralement opposées aux nôtres, quand il introduit cette notion de suicide en quelque sorte librement consenti, cette idée -totalement étrangère à notre monde moderne- que l’on doit « cultiver sa fin »…
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Message par  Jeu 28 Sep 2006 - 10:02

Du moment que le "suicidé" n'attente pas inutilement à la vie d'autres personnes, je ne vois pas pourquoi on devrait l'en blâmer...

Les gens qui s'obstinent à vivre contre vents et marées sont, à mon avis, de caractère faible et timoré, car elles ont peur de franchir le pas vers quelque chose que personne connaît. Sans tomber dans le cliché "New age" avec les histoires de vie après la mort, je pense que la mort n'est pas une fin en soi...
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Message par  Jeu 28 Sep 2006 - 10:34

lycosthenes a écrit:
Les gens qui s'obstinent à vivre contre vents et marées sont, à mon avis, de caractère faible et timoré, car elles ont peur de franchir le pas vers quelque chose que personne connaît. ..


Les gens qui s'obstinent à vivre contre vents et marées se sentent peut-être aussi responsable des gens qui tiennent à eux et ne voudrait pas les faire souffrir.



De toutes façons je ne crois pas que l'on puisse établir LE profil du suicidé(aire).
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Message par  Lun 18 Mai 2009 - 19:06

Un bon vieux sujet qui resurgit à la surface d'eaux obscures tel un serpent de mer d'humeur curieuse...


Il manque aux modernes la culture intime du suicide, l’esthétique de la fin. Aucun ne meurt comme il faut et tous finissent au hasard : non initiés au suicide, pauvres bougres de la mort. S’ils savaient terminer à temps, nous n’aurions pas le cœur serré en apprenant tant d’ « actes désespérés », et nous n’appellerions pas « malheureux » un homme qui sanctifie son propre accomplissement. L’absence d’axe des modernes n’apparaît nulle part plus frappante que dans la distance intérieure qu’ils gardent par rapport au suicide soigné et réfléchi, qui signifie l’horreur du ratage, de l’abêtissement et de la vieillesse, et qui est un hommage à la force, à l’épanouissement et à l’héroïsme. »



Cioran, Le crépuscule des pensées.


"Que celui qui n'a jamais pensé au suicide se tire la première balle." Comme disait je ne sais plus qui, sûrement un suicidaire...



Cioran est très pertinent quand il s'agit du suicide. Il en a fait l'expérience de pensée toute sa vie durant au cours de ses pérégrinations d'insomniaque.



C'est hallucinant la quantité de lieux communs, de petites phrases assassines et généralisantes, de condamnations diverses, de jugements ou autres quant à la question du suicide.

C'est bien précisément parce que cela nous concerne tous, puisque tout le monde a pensé à se suicider ne serait-ce qu'une seule fois dans sa vie. (Penser n'est pas forcément envisager sérieusement, avec un plan etc.)



Loin de moi l'idée de juger les suicidaires et suicidés. Chacun a pleinement le droit de faire ce qu'il veut. Et la liberté c'est aussi la possibilité d'attenter à sa vie.



Il me vient plusieurs réflexions, loin d'être scientifiques ou intellectuelles. Elles sont pratiques puisqu'on a tous un suicidaire ou un suicidé dans son environnement.



Je ne vais pas parler des suicides qui sont impulsifs. liés à des abus de substances, qui ne semblent pas prémédités. C'est du même ordre que le crime, très lié à la situation.

Par contre, il y a une bonne grosse partie de suicides. à mon avis, qui sont prémédités et dont les auteurs laissent des lettres.

Là, il doit y avoir pour une bonne partie des gens pour qui c'est conjoncturel (la distinction est pertinente). Ils connaissent un problème plus ou moins insurmontable, une bonne grosse crise et songent sérieusement à en finir, puisqu'ils ne voient pas d'issue possible.



Par contre, il y en a d'autres pour qui le suicide est une sorte de mode de vie (on peut penser à Cioran ou à tout autre mélancolique), un mode de réaction aux problèmes de l'environnement (c'est donc plus structurel, plus lié à la personnalité qu'aux problèmes extérieurs). En discutant avec une personne dont l'existence et les problèmes rendent l'idée du suicide tout à fait naturelle, j'ai pu écouter cette réflexion si pertinente: le suicide, à quelque part, c'est une sorte de sécurité, c'est être sûr qu'on peut avoir une issue à nos souffrances, même quand il n'y a plus rien. A quelque part, c'est la porte de sortie ultime. Et quand on est un peu "claustrophobe de l'existence", on est bien content d'avoir cette sortie de secours.

Cela rejoint ce que dit Cioran sur sa propre existence (je ne sais plus dans lequel de ses ouvrages...): sans l'idée du suicide, il n'aurait pas pu vivre. Paradoxe étonnant, mais qui sent le vécu. C'est absolument cohérent si on fait l'effort de se mettre à sa place.

Du reste, si ce noctambule ne s'est pas précipité de quelques hauteurs, empoisonné ou fait sauté le caisson, c'est, il me semble, parce qu'il n'a jamais pu trouver de façon suffisamment esthétique de le faire... On voit bien ici cet espèce d'idéalisme morbide propre au mélancolique, qui préfère ne peut pas mettre fin à ses jours plutôt que de risquer d'attenter à son idéal.

Le mélancolique, me semble-t-il, est bien celui qui se rend malade pour son idéal, pour son absolu, qu'il nourrit d'autant d'envie qu'il est inaccessible. Ainsi en arrive-t-il à concevoir l'idée du suicide, son existence étant simplement insupportable, puisque peuplée de désirs perpétuellement frustrés, d'abandon, marquée par une perte qui n'en finit pas, un gouffre insondable, dont le vertige suscite l'effroi comme l'extase. Or, il se doit d'envisager sa mort à la mesure de la grandeur de son idéal. Et c'est là qu'il y a à nouveau impossibilité... Et il ne peut plus se suicider, car il ne trouve pas de suicide parfait, pas de mort à la hauteur de son idéal.



N'est-ce pas beau? :pendu: :mrgreen:



Freud avait parlé de la pulsion de mort, en gros, pour essayer d'expliquer tout ce que sa théorie ne pouvait pas faire... Si l'on y réfléchit, le suicide c'est bien quelque chose d'incompréhensible, mais aussi d'inexplicable. Quelle utilité adaptative de ce comportement? N'y aurait-il pas du y avoir une sélection naturelle qui aurait éliminé les suicidaires jeunes? Aussi au niveau psychique, si l'organisme obéit à des règles d'équilibre, d'assouvissement des pulsions, comment expliquer le suicide? Alors que les comportements et la liquidation des pulsions devraient permettre un retour à l'équilibre, là, on franchit le pas pour le déséquilibre total, la mort. Comment? Pour quoi?

La pertinence de la psychanalyse en tant que science, honnêtement, j'en doute. Cependant, pour ce qui est de donner sens et de permettre des descriptions, des métaphores éclairantes sur nos états internes, elle est assez intéressante.

Donc, la pulsion de mort, d'autodestruction, de retour à l'inorganique, me semble assez parlante. Et, il me semble que chacun peut en faire l'expérience, de façon plus ou moins subtile. (Apprécier la souffrance quand on fait du sport, vouloir se prendre une bonne grosse cuite, ou alors s'automutiler...)



Il y aura toujours des gens pour dire "le suicide, c'est lâche". Et franchement, cela me fait sourire (eh oui, encore), car cela sent à plein nez le mécanisme de défense pour se convaincre "non, moi? me suicider? jamais!".

De la même façon, le suicidaire se rassure-t-il sur les possibles souffrances à venir en pensant à sa "porte de sortie". Y penser ou n'y pas penser a une fonction et ne relève pas de l'honnêteté intellectuelle. *Le recours a des arguments idéologiques masque à peine des justifications qu'on se fait à soi, pour calmer ses propres peurs...

Niveau lâcheté, tout dépend de ce qui nous fait peur: la mort ou la vie et ses souffrances? Si on n'ose pas se suicider parce qu'on a peur de la mort, alors on est un lâche. Si on n'ose pas vivre parce qu'on a peur de souffrir, on est aussi un lâche. Si on se suicide pour dépasser sa peur de la mort tout en mettant un terme à des souffrances qui ne font plus sens, on est courageux. Si on renonce au suicide pour dépasser sa peur de vivre et de souffrir, on est aussi courageux.

Honnêtement, à ce stade, on ne peut plus juger qui que ce soit, surtout pas en ces termes de "lâcheté", "courage" etc.

Et, de toute façon, juger ça sert surtout à rassurer celui qui juge sur ce qu'il ferait en de pareils cas (cf. *).

Soit il faut se rassurer "non je ne souffrirais pas trop: je me flinguerais avant", soit il faut aussi se rassurer "mais non, je ne le ferais jamais". Soit on n'a peur de la vie, soit on a peur de la mort;
et ceux qui ne disent n'avoir peur ni de l'une ni de l'autre, ils ont tout au moins peur de ne pas assurer face à une crise. Ces peurs expliquent le besoin de juger, de moraliser, de réagir de façon parfois si tranchée sur la question du suicide etc.

Et puis, quand on a vraiment touché le fond, à mon avis, des grandes et nobles valeurs du type "courage" etc., franchement, je me demande si ça a encore de l'importance.

A moins que cela soit un idéal?! Mais comme idéal, je vois plutôt le beau, se faire un départ parfait, avec tout ce qu'il a de symbolique, d'esthétique etc.



Bref, le suicide, c'est un bien ou un mal selon qui juge, selon les conséquences sur les proches.

En tous les cas, cela devrait être un droit. L'interdire ou le "pathologiser" ne rime à rien. Il faut proposer aux gens des solutions et non leur imposer quoi que ce soit. Si on a un tant soit peu d'éthique, on ne saurait "sauver" quelqu'un d'une tentative de suicide contre son gré (s'il a sa faculté de discernement), car on ne peut en aucun cas assurer que ce que l'on fait est bien pour la personne. Peut-être qu'elle se portera mieux après, mais peut-être aussi que cela ne va qu'ajouter à ses souffrances. Dans ce dernier cas, on a à quelque part nuit à la personne.

Le suicide, c'est un droit inaliénable, car je pense que ce n'est pas le fait que de "pauvres gens malades", de "dépressifs", de "mélancoliques". (Durkheim a parlé du suicide social;
dans certains peuples, aussi chez les Romains, le suicide est parfois honorable. Les spécialistes expliqueront mieux.)

Le suicide c'est la solution ultime qui montre bien que ce n'est pas vivre à tout prix que les gens souhaitent, mais plutôt vivre comme ils l'entendent, avec les perspectives qu'ils envisagent. Ce n'est peut-être pas tant la vie elle-même que la capacité d'en faire ce que l'on veut qui importe, c'est-à-dire une certaine liberté.



Après tout, qu'on soit pour ou contre, on doit se demander si le suicide, acte de négation absolue, n'est pas une forme d'affirmation de soi, en tant qu'individu, qui veut avoir prise sur son destin, qui est prêt à payer de sa vie le refus de le subir. De ce point de vue, il a quelque chose d'honorable... à part si l'on valorise la souffrance à tout prix!
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Message par Baalberith Lun 18 Mai 2009 - 19:28

Bref, le suicide, c'est un bien ou un mal selon qui juge, selon les conséquences sur les proches.

En tous les cas, cela devrait être un droit. L'interdire ou le "pathologiser" ne rime à rien.

En même temps je ne vois pas très bien comment on pourrait l'interdire et surtout, le punir! :confus:
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Message par Deugmartre Lun 18 Mai 2009 - 19:33

Après tout, qu'on soit pour ou contre, on doit se demander si le suicide, acte de négation absolue, n'est pas une forme d'affirmation de soi, en tant qu'individu, qui veut avoir prise sur son destin, qui est prêt à payer de sa vie le refus de le subir. De ce point de vue, il a quelque chose d'honorable... à part si l'on valorise la souffrance à tout prix!


J ne condamne pas le suicide mais l'attitude depressive/dégout de la vie. Les vrai suicidaires sont au cimetière!
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Message par  Lun 18 Mai 2009 - 19:33

lycosthenes a écrit:Les gens qui s'obstinent à vivre contre vents et marées sont, à mon avis, de caractère faible et timoré, car elles ont peur de franchir le pas vers quelque chose que personne connaît.


Connerie, si l'on se trouve dans une situation où l'on conçoit la mort comme plus douce que la vie alors c'est le suicide la vraie faiblesse. Quelqu'un de réellement droit et juste dépassera sa souffrance et ne se laissera pas aller à la faiblesse d'en finir.

Foutues idéologies libéralo-libertaires.
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Message par graal Lun 18 Mai 2009 - 19:50

l'idée du suicide pour Cioran qui est d'ailleurs mort de vieillesse était plus une porte de sortie au "cas ou" , l'éventualité du suicide permet au contraire de "durer" sachant que l'on a toujours cette dernière liberté vis à vis de l'absurde.



@Ümkharss, tu commences à friser la caricature, tes idées sont t'elles le reflet de ta personnalité ou celle que tu voudrais être ??



les suicide n'a rien à voir avec les " idéologies libéralo-libertaires", c'est une des choses les plus anciennes de l'humanité, et la faiblesse n'a rien à y voir, voir le HARA KIRI des Samourais par exemple, à contrario, une personne préférant subir la dégénéressence de la vieillesse et ne pas choisir son destin m'apparaitrait plutôt comme la marque d'une faiblesse, un peu comme un morbac s'accrochant aux miettes et à un erzatz pathétique de la vie, ça peut être un acte réfléchi, une liberté ultime que l'homme peut avoir de sa maitrise, un peu plus tôt ou plus tard, le fait est là, autant rester aux commandes et éviter de devenir un poid et une patrodie d'être vivant et borné.

Et je te conseilles sauf si tu l'as déjà fait d'aller faire un tour dans les maisons de retraites et autres établissements pour personnes en fin de vie ou ayant totalement regressé mentalement, et tu me diras le pertinence de tels existences même pour les proches.

Aprés, si le mot dignité et cohérence vis à vis du suicide ne te viens pas à l'esprit dans certains cas, je ne peux rien rajouter.


Dernière édition par 686 le Lun 18 Mai 2009 - 20:00, édité 1 fois
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Message par  Lun 18 Mai 2009 - 19:59

Je fesais référence au suicide aujourd'hui dans notre société, il est hors de propos de parler de seppeku ou de Cicéron.

Quand à la prétention de l'homme d'avoir le contrôle total de son corps et de sa vie... Tu sais ce que j'en pense. Si la vie n'est plus un bien sacré auquel l'homme ne peut attenté alors on peut sans complexe réhabiliter la peine de mort, ne plus criminaliser l'euthanasie, glorifier l'avortement etc... Bref laisser tout partir en cacahuète puisque de toute façon on ne pense plus qu'à sa gueule et à ce qu'on veut, pas à ce qui est notre devoir.
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Message par  Lun 18 Mai 2009 - 20:06

En même temps je ne vois pas très bien comment on pourrait l'interdire et surtout, le punir! :confus:


Dans un roman d'un auteur anglais assez connu (mais dont mes connaissances littéraires lacunaires ne me permettent de citer le nom), il est décrit que sous l'époque victorienne en Angleterre, si un homme était surpris en train de se suicidé, il était sauvé, arrêté sur le champ et condamné à mort... :pendu:

En effet, toute personne appartenait à dieu et à la reine à l'époque, si je ne fais erreur.

(cf. aussi wiki [url]http://fr.wikipedia.org/wiki/Suicide[/url])


J ne condamne pas le suicide mais l'attitude depressive/dégout de la vie. Les vrai suicidaires sont au cimetière!


Tu condamnes des malades?

Ce genre d'attitude, je pense que c'est très rarement pour le fun, pour le style.



Erreur: les vrais suicidés sont au cimetière (=se sont suicidés). Par contre, on peut être suicidaire et ne jamais être passé à l'acte (cf. définition ci-dessous).


SUICIDAIRE, adj. et subst.

I. − Adj. et subst. (Celui, celle) qui est tenté par le suicide ou qui, par son passé, sa psychologie, son environnement, est ou semble prédisposé au suicide.

(cf. [url]http://www.cnrtl.fr/definition/suicidaire[/url])





Même ce cher Cioran ne s'est pas suicidé. Sa vieillesse lui aurait pourtant donné de bonnes raisons de passer à la pratique, puisqu'il souffrait de la maladie d'Alzheimer, lente et inexorable déchéance dans la démence...




Quelqu'un de réellement droit et juste dépassera sa souffrance et ne se laissera pas aller à la faiblesse d'en finir.

Foutues idéologies libéralo-libertaires.


Que le suicidé soit ou non plus courageux, je suis d'accord: cela dépend! En l'occurrence, tu dis que cela dépend de la façon de concevoir la vie et la mort. Je suis d'accord.



Par contre, mettre en causes les idéologies que tu cites pour promouvoir des valeurs de "droiture", de "justice", c'est remplacer une chose discutable par une autre pire à mon sens.

Si tu penses que souffrir, éviter la faiblesse est par principe et nécessairement quelque chose de bon, je te demande en vertu de quoi.

Il me semble que souffrir, en soi, est inutile. Si la souffrance ne nous fait pas grandir, pas croître, pas évoluer, si on n'est pas capable d'en tirer quelque chose, elle est absolument inutile et il devrait appartenir à tout un chacun que de pouvoir la faire souffrir.

N'est pas courageux qui accepte une souffrance inutile, alors que sa vie est condamnée: il est simplement masochiste et/ou enchaîné à des valeurs déconnectées de tout but. Respecter des valeurs religieusement juste pour les respecter, je trouve ça vain. Les valeurs en soi n'ont aucune valeur si elles nous permettent pas de mieux coller à nos objectifs, de nous être utile.



Et je me demande ce que sont, pour toi, la justesse et la droiture...

Je n'ai pas d'a priori négatif sur un certain nombre de valeurs couramment considérées comme "vieux jeu". Par contre, dis comme ça, sans explication, ça fait un peu grand guerrier "stoïcien perverti en masochiste". La douleur conçue comme faire-valoir, une attitude doloriste, de valorisation de et par la souffrance, je suppose que tu n'es pas pour...
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Message par  Lun 18 Mai 2009 - 20:13

Advodia a écrit:
Quelqu'un de réellement droit et juste dépassera sa souffrance et ne se laissera pas aller à la faiblesse d'en finir.

Foutues idéologies libéralo-libertaires.


Que le suicidé soit ou non plus courageux, je suis d'accord: cela dépend! En l'occurrence, tu dis que cela dépend de la façon de concevoir la vie et la mort. Je suis d'accord.



Par contre, mettre en causes les idéologies que tu cites pour promouvoir des valeurs de "droiture", de "justice", c'est remplacer une chose discutable par une autre pire à mon sens.

Si tu penses que souffrir, éviter la faiblesse est par principe et nécessairement quelque chose de bon, je te demande en vertu de quoi.

Il me semble que souffrir, en soi, est inutile. Si la souffrance ne nous fait pas grandir, pas croître, pas évoluer, si on n'est pas capable d'en tirer quelque chose, elle est absolument inutile et il devrait appartenir à tout un chacun que de pouvoir la faire souffrir.

N'est pas courageux qui accepte une souffrance inutile, alors que sa vie est condamnée: il est simplement masochiste et/ou enchaîné à des valeurs déconnectées de tout but. Respecter des valeurs religieusement juste pour les respecter, je trouve ça vain. Les valeurs en soi n'ont aucune valeur si elles nous permettent pas de mieux coller à nos objectifs, de nous être utile.



Et je me demande ce que sont, pour toi, la justesse et la droiture...

Je n'ai pas d'a priori négatif sur un certain nombre de valeurs couramment considérées comme "vieux jeu". Par contre, dis comme ça, sans explication, ça fait un peu grand guerrier "stoïcien perverti en masochiste". La douleur conçue comme faire-valoir, une attitude doloriste, de valorisation de et par la souffrance, je suppose que tu n'es pas pour...


Bien entendu que je ne prèche pas la souffrance pour la souffrance. Je prends, comme d'habitude, des positions de principe. Pour moi la vie est un principe absolu que l'homme a le devoir de respecter. D'où ma position. De plus j'estime qu'on ne peut dépasser sa propre "corporalité" en en faisant l'essence suprême.



Enfin bon, je ne vais pas refaire le débat qu'on a dans tous les sujets de réflexion...
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Message par  Lun 18 Mai 2009 - 20:55

Bien entendu que je ne prèche pas la souffrance pour la souffrance. Je prends, comme d'habitude, des positions de principe. Pour moi la vie est un principe absolu que l'homme a le devoir de respecter.




Vivre pour vivre?

La vie est donc sacrée pour toi si je comprends bien (ou alors sacré n'est pas le bon terme: principe absolu, pensé-je).

J'imagine que tu respectes donc la vie animale, la vie humaine, que tu es contre l'avortement et l'euthanasie, juste?


D'où ma position. De plus j'estime qu'on ne peut dépasser sa propre "corporalité" en en faisant l'essence suprême.


Dépasser (je ne suis pas contre), mais pourquoi et pour quoi?

Je ne vois pas ce que tu entends par en faire l'"essence suprême". Même si l'on est matérialiste, ce n'est pas la matière qui compte. Ce n'est pas ce corps matériel en soi qui compte mais bien la façon dont il est vécu (subjectivement), dont il est habité, mis en mouvement, et le sens qu'on lui donne à lui et à son existence.

Il n'y a pas besoin ni de prendre la vie comme "sacrée" ou principe absolu, pour donner sens à son vécu et à son corps. Le dépassement n'est peut-être pas dans un absolu, ou quelque idéal, pas plus qu'il n'est dans une matière humaine qui serait inconscient de son existence...


Enfin bon, je ne vais pas refaire le débat qu'on a dans tous les sujets de réflexion...


Dommage.
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